Raphaël Pomey
Raphaël Pomey

6 mars 2023 7 minutes de lecture

Amis genevois, vous reprendrez bien un peu de lynchage antichrétien ! #reportage

Une soirée sur le thème de « Jésus toxique » avait lieu jeudi dernier dans la Cité de Calvin. Avec ce qu’il faut de subventions.

Bienvenue sur mon infolettre 100% gratuite “En Enfer il y a” ; j’y dégonfle les baudruches de notre civilisation décadente et vous oriente vers les auteurs que j’aime. Je promets de vous émouvoir, de vous agacer et de vous faire rire.

Je suis Raphaël Pomey, rédacteur en chef du journal «Le Peuple» et philosophe de formation. Je vous invite à découvrir mes articles de fond sur le journal «Le Peuple».

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    Chers amis, chers camarades,

    Voilà le genre de reportages qui me font mal à la tête tant que je ne les ai pas couchés sur le papier. La raison est simple : quand on écrit avec mon style, on risque souvent d’être mal compris et de faire plus de mal que de bien. Alors bien sûr, je ne crains pas de bousculer quand c’est nécessaire, mais je tiens aussi à rapporter les événements selon mon cœur : sans nier la complexité des vies humaines. Et cette fois, je ne voulais absolument pas me planter pour être le plus possible au service de la vérité. Surtout que cette vérité suffit largement à poser des questions très troublantes.

    Nous allons commencer notre récit jeudi 2 mars dernier dans une ville vaudoise où un pasteur évangélique retraité me prenait en voiture pour que nous fassions le trajet ensemble en direction de Genève. Christian Bussy, c’est son nom, et moi avions convenu de faire ainsi connaissance en nous rendant à l’Antenne LGBTI Genève, émanation inclusive de l’Église réformée locale. Cet espace de dialogue et de rencontre y accueillait un ex-évangélique, Marc-Henri Sandoz Paradella, venu présenter son récit Jésus toxique (aux Éditions Olivétan et Ouverture). Revenu de ses enthousiasmes après bien des années de ministère, l’auteur y raconte une enfance dominée par un père écrasant et misogyne, son parcours de pasteur en ville de Genève et la manière dont il a peu à peu découvert que son milieu religieux était, vous l’aurez compris, toxique. Nous reviendrons plus tard sur ce terme.

    Pour l’heure, contentons-nous de voir à quoi ressemble un "Jésus toxique" selon l’intelligence artificielle.

    À ce stade, permettez que je souligne que l’auteur ne raconte pas n’importe quoi : toute personne ayant tâté du monde évangélique sait à quel genre de profils il fait allusion en évoquant ces gens qui se targuent, sans raison, de posséder des dons de prophétie ou de guérison. On peut du reste aisément comprendre que l’auteur, touché par d’importants soucis de santé, éprouve une certaine antipathie envers les charlatans qui abusent de la crédulité d’autrui en leur promettant des miracles. Il y en a, peut-être plus dans le monde évangélique qu’ailleurs, sans que l’on puisse réduire cette sensibilité chrétienne à cela. De la même manière que l’on ne réduit pas encore le New Age aux transits vers Sirius du Temple Solaire.

    Un espace safe

    Notre homme ne parlait pas seul : à sa droite se tenait Marie Cénec, écrivain et pasteure. Cette dame, connue pour être « responsable de la transition écologique et sociale » (ndlr ça a l’air bien) des réformés vaudois, tenait le rôle de maîtresse de cérémonie. Le préfacier Adrian Stiefel complétait le trio pour témoigner de la manière dont il avait vécu son homosexualité naissante au sein d’un milieu conservateur. Marc-Henri Sandoz Paradella, il faut le préciser, était son pasteur quand il était ado.

    Le trio d'orateurs, jeudi dernier.

    Une chose qui m’a touché dès mon arrivée, c’est la chaleur de la plupart des gens à l’égard du beauf carabiné dont j’ai l’air, et la tendresse que je ressentais pour ces couples d’hommes qui pouvaient se donner la main sans que personne ne vienne leur demander de se transformer en hétéros. À ce titre, je crois avoir commencé à suivre ces échanges dans une disposition d’esprit plutôt apaisée, n’en déplaise à ceux qui imagineraient qu’un drapeau arc-en-ciel installé au cœur d’un local d’Église me ferait immédiatement tomber de ma chaise. En feuilletant le livre de l’auteur, j’avais d’ailleurs trouvé un passage réconfortant où il précise que la toxicité dont il allait être question durant la rencontre n’est pas propre au christianisme mais pouvait frapper n’importe quelle croyance, du bouddhisme à la vénération de Gaïa. Une hauteur de vue réjouissante qui n’a malheureusement pas caractérisé toute l’assistance.

    En début de soirée, un accent important a été placé sur le fait que tout le monde devait parler en « je », qu’il ne fallait pas être jugeant, bref, que l’espace devait être « safe ». Or, à mes côtés, je ne suis pas absolument certain que mon compagnon évangélique ait souvent eu la sensation de trouver l’esprit des lieux très « safe » pour les gens comme lui. « Mise à mort de l’intelligence », « endoctrinement », « aliénation », « débilité intellectuelle », « message qui empoisonne » ... Tous ces termes, dûment répertoriés dans mon carnet de notes, ont été utilisés soit par les orateurs, soit dans le public, pour qualifier le travail d’Églises qui, en ces lieux, n’avaient pas de représentants officiels. On devait même apprendre, dans un tour de parole d’Adrian Stiefel, qu’il avait exigé des excuses de son ancien pasteur, coupable d’avoir transmis à l’époque une foi un peu vive. Et ce, même si la question de l’homosexualité n’avait jamais été abordée durant ces années : dans les différents discours, faire vivre une sensibilité évangélique s’apparentait à la transmission d’un virus, dont heureusement le peuple des élus que nous formions avait réchappé.

    En exclusivité, le carnet de notes d'un journaliste. Vous observerez que ces dernières prennent surtout la forme de courtes citations et de mots-clés.

    Ce qui pose tout de même un problème : un événement subventionné (la chose est précisée sur le dépliant de la rencontre) a-t-il réellement pour vocation de dénigrer le travail de communautés religieuses concurrentes ? Si l’on pousse la question un peu plus loin, de tels propos ne tombent-ils pas carrément sous le coup de la loi ? Mais oui, vous savez, cette norme pénale antiraciste étendue désormais à l’homophobie, qui précise aussi qu’il n’est pas acceptable de dénigrer systématiquement un groupe de personnes en raison de son appartenance religieuse...

    Enfin, je vous avais promis de revenir sur ce terme, Jésus Toxique. Les vétérans de cette infolettre me connaissent assez, désormais, pour savoir que je m’oppose à toute limitation de la liberté d’expression, y compris concernant les éléments que je viens de mentionner. Reste que je crois que les lois en place, même quand je ne les apprécie pas, doivent s’appliquer de la même manière pour tout le monde. Mais dépassons la question du cadre légal avec cette question qui me turlupine : la Ville de Genève aurait-elle subventionné une soirée « Moïse toxique », « Bouddha toxique » ou encore – mais on ose à peine l’écrire – « Mahomet toxique » ? Bien sûr que non, et elle aurait eu raison. Or, je me désole d’observer que le christianisme est la seule religion, sur ses terres, qu’il est non seulement possible d’insulter tant que l’on veut, mais en plus à l’aide d’argent public. De plus, je ne crois vraiment pas que telle était la volonté de l’orateur, très énervé contre son ancien milieu, mais plus pondéré que les militants antiévangéliques radicaux qui l’entouraient. Des gens que l’on aurait d’ailleurs imaginés de meilleure humeur depuis l’interdiction des baptêmes dans le lac que subissent leurs adversaires à Genève.

    Je vous le disais, j’ai fait une petite heure de voiture aux côtés d’une personne qui a consacré sa vie à la foi évangélique. Je ne suis pas du même milieu mais je peux vous assurer que jamais je n’ai eu la sensation de dialoguer avec une personne qui avait « mis à mort » son intelligence ou qui faisait comme si tout était parfait dans son milieu. Son intervention en plénum, peu avant mon départ, m’a fait du bien, en rappelant que des abus de pouvoir peuvent se révéler dans n’importe quelle communautés (j’aurais ajouté : même dans les cadres post-chrétiens) et que le Réseau Évangélique Suisse, qu’il se retrouvait à défendre devant son ancien collègue par la force des choses, n’avait pas attendu cette séance pour s’organiser contre les risques de dérives. Signature d’une charte et création d’un réseau dans le réseau pour faire mieux face aux comportements transgressifs sont notamment évoquées sous ce lien.

    Quant à moi, il était temps de m’éclipser, avec la douleur de sentir la bascule d’une dictature à une autre. De l’ordre social et ses dérives vers la dictature du relativisme où les droits de l’individu poussés à l’extrême se trouvent au centre de toute chose. Je ne sais pas s’il y a quelque chose en moi comme un découragement. Je suis un combattant, je suis né pour ça. Aujourd’hui, néanmoins, je ne trouve guère la force de faire autre chose que de témoigner. C’est ce que je fais avec mes articles, avec mes vidéos, avec toute cette énergie que je mets au service d’un autre son de cloche dans le monde des médias. J’ai besoin de votre aide pour pouvoir continuer à poursuivre cet apostolat avec mon journal grâce à votre abonnement ou vos dons.

    Appelez conservatrice, libérale ou bigote la sensibilité que je représente : j’utilise moi-même ces mots, sans plus guère croire à leur portée réelle. Je n’aime plus guère que la vérité, car elle seule nous rendra libre.

    Que Dieu nous garde,
    Raphaël Pomey


    Merci à Lucien et à mon père pour la relecture. J'aimerais bien, un mois où je ne cours pas après le loyer, offrir un petit quelque chose à ceux qui, comme eux, m'aident avec mes billets. Merci pour votre soutien.

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Lancé il y a 3 ans

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