Françoise Bourgouin
Françoise Bourgouin

14 juin 2022

T'en connais en vrai ?

#144 - carnet de coach

Hello everlasting Ève en mal d’évasion,

Samedi soir, je suis sortie dans un bar où l’on pouvait danser. Mon credo en ce moment, c’est Clara Luciani (je surkiffe cette chanson).

Il faut qu'ça bouge, il faut qu'ça tremble, il faut qu'ça transpire encore

Dans le bordel des bars le soir

Débraillés dans le noir

Il faudra réapprendre à boire

Il faudra respirer encore

Dans notre groupe, il y avait une copine d’une copine que je ne connaissais pas. Avant qu’on ne commence à bouger et à transpirer dans le noir (en gros, quand on peut encore se parler), arrive la classique question de : “Et toi Françoise, qu’est-ce que tu fais ?”

Là, je sors mon pitch habituel, rodé, polishé, celui qui va bien, même quand je ne suis plus à jeun.

Et la nana, intéressée, me demande : “Mais toi, tu en vois des histoires incroyables ? Tu sais, comme ce qu’on te raconte à la télé. Des gens qui quittent tout pour vivre de leur passion”. J’avais l’impression qu’elle me demandait si j’avais dejà vu des extra terrestres, pas moins.

En gros, est-ce que ça existe en vrai ?

“Comme je suis magicienne et que je vis au pays de fées, j’en vois tous les jours”, n’ai-je pas osé répondre vu que je ne la connaissais pas.

Cette réflexion m’a interpellée à plusieurs niveaux, c’est pour ça que je te raconte ma soirée de samedi cette semaine ! Cette simple phrase cumule tous les clichés pourris sur la reconversion, qui poussent à l’inaction.

1- Le côté incroyable

C’est fort comme mot “incroyable”. Tout de suite, ça rend la chose dont tu parles assez inaccessible. Réservée à quelques happy few. Avec un accès aléatoire dépendant d’un mélange de chance et de génétique. Ou de hasard et de poussière d’étoile.

Ce qui implique que ce n’est pas pour toi, simple mortel qui roule encore au diesel. Ou alors sur un malentendu.

En vrai, il n’y a pas besoin d’être “élu” pour faire bouger sa vie pro. C’est ouvert à toutes et tous. Peu importe ton niveau d’étude (ce qui est bien en vieillissant, c’est qu’on s’en fout un peu de savoir si tu as un bac +0 ou un bac +5). Tu as de l’expérience, et ça, ça pèse bien plus lourd que ton diplôme du siècle dernier. Et ce que tu fais comme boulot aujourd’hui, ne définit pas QUI tu es comme personne. Et cette magnifique personne a le droit d’avoir envie d’autre chose.

→ C’est possible pour toutes et tous.

2 - Vivre de sa passion :

Ensuite, il y a le fantasme de la passion. J’entends souvent : “Oui mais moi, j’ai pas de passion”. Qui, si je traduis, veut dire : je n’ai aucune idée de quoi faire d’autre que mon job actuel.

Il est normal, dans une situation de malêtre, avec une charge mentale grosse et moche, de ne pas pouvoir se projeter vers un avenir radieux. Il n’y a ni la place, ni l'énergie nécessaire.

Donc c’est ok de ne pas savoir ce qu’on veut faire ensuite. Je dis bien “vouloir” (parce que pouvoir c’est entre toi et toi, et ce n’est pas la question à ce stade de ta réflexion).

Quand je fais un premier rdv avec une cliente : dans 95 % des cas, j’ai droit à “je n’ai pas d’idée ou de passion” (chiffres validés par une étude Françoise-bourgouin-àvuedenez). Et dans 100% des cas, en fin d'entretien, il y a au moins 1 ou 2 idées qui sont là (quand ce n’est pas 6 ou 7). Et si la cliente n’arrive pas encore à les verbaliser, elles me sautent tellement aux yeux, que je sais que ça va venir dans les jours qui viennent.

→ Lâche-toi la grappe avec la passion ou les idées. Ce n’est pas la question du moment.

J’ai lu cette phrase, il y a peu : “la passion est une conséquence et non une cause”. Je valide complètement. Pour la passion, on verra plus tard.

3 - Le Conte de fée

“Histoires incroyables” : ça laisse sous-entendre un côté un peu magique. Un truc qui n’est pas vraiment sous ton contrôle et qui va venir te délivrer de cet endroit où tu te sens enfermée.

La prochaine fois que tu liras une histoire de reconversion “incroyable” : de chargée d’affaire à la BNP à affuteuse de couteaux itinérante. Demande-toi ce qu’on ne te dit pas dans cette histoire. Quel a été le prix à payer ? Est-ce que c’est inspirant pour toi ? Qu’est-ce qui te fait envie ou pas ? Sers-toi de cette histoire pour commencer à écrire la tienne.

Au lieu de voir le côté “incroyable”, liste tout ce qui est accessible pour toi dans cette histoire.

4 - Un truc de fou

“Histoire incroyable”, c’est forcément un énorme changement, un virage à 183° (j’en ai marre de dire 180).

Bah non, ce n’est pas obligé. Un pas de côté peut être aussi efficace qu’un voyage sur la lune. Plus le changement semble énorme au départ, plus c’est difficile de se lancer. Procrastination, imposteur, illégitimité, regard de l’autre, comparaison, confiance, … les gardiens de ta révolution professionnelle se radinent tous en rang serré pour être sûrs que tu ne passes pas.

Tu peux faire un truc de fou, mais pas à pas. Ce n’est que quand tu te retourneras que tu prendras conscience de l’énormité.

Tu peux aussi faire quelques pas de côté.

→ Commence par des petites actions, l’air de rien, pour feinter tes gardiens de la révolution.

Pour résumer, remettre un peu de kif dans ton activité pro :

  • c’est possible pour tous

  • pas besoin de passion, juste de bosser sur ce qui est là, même si c’est flou

  • c’est un engagement vis-à-vis de toi (ça on a du mal les filles, je sais), rien de magique

  • faut y aller pas à pas et ça prend du temps (là aussi, on a du mal). 

Je te préviens que si tu t’extasies, puis te dévalorises encore devant une “histoire incroyable” de reconversion, je viendrais m’énerver dans ton salon en personne !

En attendant,

Prends soin de toi, aime-toi.

Françoise

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Françoise Bourgouin
Lancé il y a 2 ans

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