Téléspectateur compulsif, notre chroniqueur Aimé De Brouwer aborde la question des jeux télévisés avec l’esprit constructif qui le caractérise.
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Cash, c’est un jeu de culture générale que les téléspectateurs suisses romands peuvent regarder sans aucun risque de se faire gronder par leur cardiologue.
Comment le définir en quelques mots ? Le site Play RTS nous apprend qu’il s’agit d’un quiz on the road – terme dont le français, trop rudimentaire, ne possède pas l’équivalent – et précise à l’intention des amateurs de pléonasmes que ce jeu « permet à des concurrents, choisis au hasard, de pouvoir gagner 1000 francs ».
On ne change pas une formule percutante.
Plus concrètement, un animateur aborde deux personnes dans un lieu public et les informe qu’elles ont la possibilité de gagner 1000 francs en répondant correctement à dix questions en un temps limite de dix minutes. Si elles décident de tenter leur chance, l’interview peut commencer.
Les premières questions, franchement élémentaires, sont suivies par une ou deux colles un peu plus vachardes, histoire de ne pas distribuer les billets de mille comme si c’étaient des Kleenex. Les gagnants reçoivent 1000 francs en espèces. Quant aux candidats qui échouent en cours de route, ils ne repartent pas les mains vides : ils reçoivent un T-shirt qu’ils porteront fièrement en rangeant leur cave ou en vidant leur fosse septique.
De façon inattendue, ce jeu aussi acratopège qu’un verre d’Henniez a fait les grands titres de la presse quotidienne à la fin du mois de janvier. On a ainsi appris qu’un producteur de la RTS avait détourné 231 000 francs destinés à la réalisation de Cash. Il usait pour ce faire d’un stratagème d’une habileté diabolique : il établissait de fausses pièces comptables correspondant à des gagnants imaginaires. À raison de 1000 francs par gagnant, il lui a tout de même fallu inventer 231 personnes. Chapeau l’artiste !
Cependant, ces malversations n’ont pas duré. Au bout d’à peine huit ans, le contrôle de gestion de la RTS a découvert le pot aux roses. La justice genevoise a alors été saisie de l’affaire, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle a eu le glaive vengeur : reconnu coupable d’escroquerie par métier, de faux dans les titres et de tentative d’instigation à faux témoignage, le producteur a écopé de 180 jours de prison avec sursis, un verdict d’une dureté à glacer le sang.
Pour tourner définitivement cette page regrettable, il serait judicieux de remplacer Cash par un nouveau concept. Parmi les noms qui viennent spontanément à l’esprit, il y a « Cash Investigation », mais cela reviendrait à remuer le couteau dans la plaie, et de toute façon c’est déjà pris. « Qui veut gagner des millions ? » ne convient pas non plus, car la RTS n’a pas le budget, et de toute façon c’est également déjà pris. Personnellement, je verrais bien quelque chose de pointu, un jeu qui testerait les connaissances en jurisprudence des candidats et s’appellerait « De quel montant faut-il escroquer une chaîne publique pour écoper d’une peine de prison ferme ? »
Rions encore un peu avec le service public, dans ce billet.
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