Raphaël Pomey
Raphaël Pomey

11 janvier 2023 5 minutes de lecture

Il y a une radio de service public en enfer

Devoir payer pour un catéchisme que je n’ai pas sollicité ? C’est ma triste condition et c’est sans doute aussi la vôtre.

Bienvenue sur mon infolettre 100% gratuite “En Enfer il y a” ; j’y dégonfle les baudruches de notre civilisation décadente et vous oriente vers les auteurs que j’aime. Je promets de vous émouvoir, de vous agacer et de vous faire rire.

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Chers amis, Chers camarades,

Je vais sans doute décevoir pas mal d’entre vous, mais je n’ai pas d’avis tranché sur la corrida. Entre ceux qui nous expliquent que les taureaux sont merveilleusement bien traités – jusqu’au moment de l’épreuve, je veux dire – et ceux qui dénoncent une boucherie inutile, je n’ai jamais vraiment voulu choisir. Pas mon sujet, pas mon combat ; ce n’est pas, comme disent les Anglo-Saxons, « sur cette colline que j’irai mourir ». Reste que vendredi dernier, vers 21h, il semblait aller de soi sur notre radio d’état, la RTS, que chaque auditeur y était farouchement opposé. Après avoir passé une chanson de Francis Cabrel sur le sujet, le journaliste nous indiquait que « cela vaut toujours la peine de se battre » en se félicitant des avancées politiques en direction de l’interdiction de la tauromachie en France. Peu après, le présentateur formulait une hypothèse intéressante à propos d’un tout autre sujet. A savoir qu’une ministre (de droite, cela va de soi) n’a moralement pas le droit d’appeler à l’austérité budgétaire lorsqu’elle porte de trop jolies chaussures. Il introduisait avec cette puissante réflexion une chanson avec laquelle devait se terminer son émission.

Cunnilingus dans les cavernes

C’est vrai que je suis toujours assez chaud avec les questions de neutralité du service public. Parce que je n’aime pas être gouverné, en premier lieu, et parce que je déteste tout particulièrement que cette domination politique se diffuse par des médias prétendument sympatoches. J’avais par exemple déjà pas mal tiqué devant des débats totalement délirants sur l’existence de la pratique du cunnilingus chez les hommes de Cro-Magnon ou l’avenir de l’acronyme LGBTQIA+ ces derniers temps sur la RTS. J’avais aussi un peu coincé en écoutant une journaliste donner la parole à un monsieur, ou du moins à une personne avec une voix et de nom de monsieur, qui se présentait comme une « maîtresse de cérémonie » dans le domaine de l’improvisation théâtrale. Cette personne nous parlait d’ailleurs aussi des « acteurices » sans que cela ne suscite la moindre question. On ne questionne pas le progrès, on l’impose.


Je ne cultive pas toutefois l’énervement pour l’énervement. Vendredi soir, je me suis ainsi dit que tout compte fait, la chanson de Cabrel n’était pas si mal et que l’on a sans doute le droit de penser du mal de la corrida même quand on travaille pour une radio d’état. Là où cela se gâte, c’est que nous avons eu droit le lendemain à la dénonciation des perceptions problématiques de je ne sais quelle peuplade (j’ai immédiatement éteint le poste) puis, le lendemain, au coup de grâce. Il était cette fois question de l’attaque de l’UDC Céline Amaudruz par de jeunes gens masqués à l’Uni de Genève et une chroniqueuse, que j’imagine féministe, nous a justifié l’action de ce commando parce que parfois « le dialogue n’est plus possible ». Sous-entendu : Madame Amaudruz mérite bien de se faire casser la gueule car on ne dialogue pas avec la peste brune. Et la belle assemblée de ce cabaret d’état, pour reprendre une formulation de Micheline Calmy-Rey (d’ailleurs intervenante la plus intéressante du débat), de nous faire part de son incompréhension devant la tournure judiciaire que semble prendre l’affaire. Tout de même, une femme agressée qui entend être défendue par la société, ce n’est pas sérieux...

Pas avec mon argent

Que l’on ne s’y méprenne pas : mon propos n’est pas d’affirmer que tout journaliste d’état devient de facto un mauvais journaliste. Il y en a certainement de bien meilleurs que moi sur le service public, quelle que soit leur sensibilité politique. Ce que je comprends mal, c’est la raison pour laquelle je me trouve obligé de payer pour entendre, comme hier encore, une personne m’inviter à un « voyage au Gouinistan » (un podcast de la RTS, visiblement) ou me mettre en garde contre telle ou telle personnalité sous prétexte qu’elle n’est pas de gauche. Je suis pour l’existence de médias gays, de médias cathos, de médias libéraux et même de médias défendant l’existence de commandos masqués pour attaquer ses adversaires politiques dans des lieux de savoir : mais je suis surtout pour que chacun puisse soutenir ce qui lui convient et ne pas financer ce qui le gonfle. J’accepte d’obéir aux lois de mon pays, mais je n’ai jamais commandé mon ticket pour le « Gouinistan ».

Quand la télévision d'état, cette fois, faisait le lien entre votre serviteur et je ne sais quelle conspiration anti-covid dont je me fous allègrement.

Les consommateurs de médias ont aujourd’hui une offre plus riche que jamais. Or, tandis que la fragilité de leur position devrait les amener à faire profil bas, il se trouve que la plupart des chroniqueurs et journalistes d’état n’ont jamais fait preuve d’autant d’arrogance : comme si, tandis qu’une grosse claque se profile à l’horizon, il fallait se hâter d’enfoncer les idées progressistes dans le crâne de leurs auditeurs. Le mépris avec lequel sont traités ceux qui, en prenant des risques importants, défendent leurs idées sans demander de taxes à leurs concitoyens est à ce titre révélateur. Vous souvenez-vous de la dernière fois qu’un YouTubeur intéressant a été invité sur une chaîne de service public ? Avez-vous déjà vu l’acteur d’un média libre être présenté comme autre chose qu’un extrémiste, un trumpiste ou un complotiste ?

Je suis allé rencontrer hier l’équipe de Radio R, une chaîne chrétienne qui prend des risques importants pour disposer désormais d’une meilleure couverture du territoire suisse. Vous pouvez la soutenir ici. La beauté de la chose est que vous n’êtes pas non plus obligés de le faire si vous n’avez pas d’intérêt particulier à écouter des contenus chrétiens. Souvent, je me dis que ce serait pas mal s’il en allait de même pour ceux qui, comme moi, en ont assez de devoir payer pour être rééduqués par des rebelles subventionnés du service public.

Que Dieu nous garde,
Raphaël Pomey

P.S. Merci à mon copain Lucien Vuille ainsi qu'à mon épouse April pour leurs suggestions.


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