Le Peuple
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21 mars 2023 8 minutes de lecture

Des Vert-e-s dans le fruit de la démocratie

La diffusion d’un reportage de la RTS sur les « détransitions » de genre a révélé des postures inquiétantes de la part de certains élus écologistes. Le malaise gagne même le parti.

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S’il est un thème à propos duquel on peut difficilement juger que les médias d’État suisses romands flattent les instincts conservateurs de la population, c’est bien celui du genre. Podcasts entiers consacrés à la vie de couple de deux journalistes lesbiennes, drag queen vegan invitée au 12h45, reportages à la gloire des personnes dites non binaires... Pas un jour, ou presque, sans que des questions sociétales ne saturent les ondes.

Un exemple avec cette séquence qui apprenait aux téléspectateurs à « sortir des sentiers battus de l'hétérosexualité » (sic).

Pourtant, au début du mois, un important mouvement de contestation contre la RTS a pris forme chez certains militants LGBTQIA+ romands. En cause, la diffusion d’un reportage de l’émission Temps Présent consacré aux personnes revenant en arrière dans leur transition de genre, voire regrettant d’être passées par la case opération. Pourquoi un tel tollé ? Parce que ce sujet, pourtant traité avec beaucoup de réserve, pointait une réalité « marginale » du point de vue des militants. Une réalité, aussi, qu’aimeraient sans doute cacher ceux qui font de la mobilité des genres l’ultime Eldorado de notre civilisation. Or, au petit jeu de l’indignation opportuniste, deux figures des Vert-e-s vaudois semblent bien avoir tiré leur épingle du jeu. L’inénarrable Marius Diserens, tout d’abord : pourtant régulièrement porté aux nues par les médias, l’élu queer nyonnais a commenté l’émission honnie en direct sur le réseau social Twitter. Et sans surprise, l’homme (ndlr il se « genre » au masculin) s’est lâché. Nous y reviendrons.

Quelques deux heures avant la diffusion du reportage, une manifestation était organisée devant les locaux de la télévision. Insolite...

Une pression digne d’une secte

« Nous y reviendrons » car, dans un premier temps, ce ne sont même pas ses réactions qui interrogent, mais son opposition de principe à la diffusion d’un reportage sur un thème jugé trop sulfureux. Ainsi, alors que des militants queers appelaient à faire un « maximum de pression » pour que la RTS renonce à son émission, l’élu écologiste n’hésitait pas à confirmer : « On est au courant avec de nombreux-euses (sic) activistes et associations et on est dessus » (24 février 2023). Une semaine avant la diffusion du reportage, l’élu ne se cachait donc pas de s’engager contre la liberté de la presse. Posture étonnante pour un candidat au Conseil national ? Pour le moins, mais elle n’allait pas s’améliorer au moment de la diffusion. Morceaux choisis : « Il n’y a pas à avoir de débats sur le droit des enfants à l’autodétermination » en matière de changement de sexe. Ou encore, à propos d’une manifestation organisée devant la RTS avant la diffusion de l’émission : « Au lieu de se questionner sur la manifestation, peut-être faudrait-il comprendre pourquoi tous les professionnels de la santé et de la politique ont refusé de s’exprimer. La question est plutôt de savoir ce qu’il est acceptable de couvrir comme sujet en tant que journalistes et médias. »

Cette modeste question n'a pas été du goût du responsable Twitter des Verts, qui y a répondu par un blocage de notre compte.

Étrange posture politique que celle de l’être suprême à même de décider de quoi il est acceptable ou non de traiter lorsque l’on est journaliste. Mais pas de quoi effrayer la conseillère nationale Léonore Porchet. Pourtant présidente de la fondation Santé Sexuelle Suisse, la Vaudoise n’a pas hésité à recommander à la population de lire les élucubrations de son camarade au lieu de se faire une idée par elle-même, là encore avant diffusion : « Transphobie en prime time ce soir sur la @RadioTeleSuisse, c'est vraiment pitoyable sur le service public... Marius vous fait un résumé (...) pas besoin de vous taper l'entier de cette chose donc, merci Marius ».

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Lancé il y a 1 an

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