20 septembre 2023 • 6 minutes de lecture
Participation du rappeur Médine aux Universités d’été de la gauche, débats sur la tenue des femmes, laïcité… La France a mal à l’islam, est-ce que la Suisse est menacée par le malaise identitaire ?
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C’est une constante chez nos voisins. Chaque fois qu’éclate une nouvelle crise institutionnelle – lorsqu’un président mal aimé montre son intérêt pour un troisième mandat, par exemple – la classe dirigeante retourne aux fondamentaux : taper sur la population musulmane qu’elle importe massivement depuis cinquante ans.
Récemment, des questions vestimentaires ont servi de rampe de lancement. Juste avant la rentrée, le ministre de l’Éducation, Gabriel Attal, a annoncé l’interdiction de l’abaya (robe trop ample et trop islamique au goût des défenseurs de la laïcité) dans les établissements scolaires français. Depuis cette annonce, les passions se déchainent et les camps politiques s’affrontent. Il faut préciser que le terrain avait bien été préparé durant l’été avec la controverse entourant Médine. La gauche française s’était déchirée afin de savoir si ce rappeur musulman, à la plume provocatrice et sujet à de nombreuses polémiques, était un invité légitime de leurs partis aux universités d’été (Voir encadré).
Médine, à gauche, posant avec l'artiste non-binaire Bilal Hassani.
Alors que la polémique en France porte principalement sur le port de l’abaya dans les écoles, en Suisse, ce sont des enjeux aquatiques qui ont suscité un embryon de débat ces dernières semaines. A la fin de l’été, la droite genevoise s’est en effet divisée sur la question du « burkini » dans les piscines du canton. La cause : le Grand Conseil, sur recommandation d’une commission emmenée par un élu de centre-droite, a assez sèchement refusé de remettre en question l’autorisation de porter cet accoutrement. L’UDC Genève a dénoncé dans un communiqué que « le PLR se couche devant l’islamisation de la société ». Le texte précisait que « Face à l’expansion islamique à Genève et en Suisse, la population n’a plus qu’un seul choix : voter pour la seule formation politique qui défende encore les libertés individuelles, fruit précieux de notre héritage civilisationnel. Même abandonnée par les autres formations de droite, l’UDC ne renoncera pas à ce combat ».
Un calme de surface, mais des débats qui montent
En revanche, dans les écoles, calme plat : contacté, l’État de Vaud affirme ne pas avoir recensé de problème lié à l’abaya. Il faut savoir que du côté des élèves, « la LEO (loi sur l’enseignement obligatoire) n'interdit pas le port de signes religieux comme une croix, un voile ou encore une kippa ». En revanche, le canton précise que « le corps enseignant ne porte pas de signes religieux afin de respecter la LEO qui garantit un enseignement neutre du point de vue religieux et politique ». Insuffisant, pour l’écrivaine et chroniqueuse du Peuple Nadine Richon : elle souhaiterait que les « signes religieux ostensibles » ne soient pas admis dans les établissements scolaires, y compris chez les élèves. Au sujet du voile, elle affirme vigoureusement que « c’est faux de n’y voir qu’un simple foulard car les différences sont en réalité criantes ». Elle estime que ce vêtement efface la personnalité des femmes et ajoute que « dans le cadre scolaire, cela crée des différences autant entre filles qu’entre filles et garçons». L’écrivaine explique que l’objectif de l’école est de donner les mêmes conditions à tous et elle précise qu’elle n’est pas non plus favorable au port de l’uniforme qui, selon elle, « gommerait la diversité de notre société ».
Enseignant durant de nombreuses années à Crans-Montana en Valais, et auteur du livre Une année scolaire si ordinaire ou Journal d’une fin de carrière à l’école (chroniqué sur notre chaîne YouTube), Jean-Claude Savoy ne partage pas cet avis. Il se plaît d’ailleurs à rappeler que l’école valaisanne n’est pas laïque. Il juge que « la laïcité créée un vide et qu’elle occulte les valeurs, or les gens ont besoin de valeurs ». Il précise que « des crucifix sont apparents dans les écoles du canton et donc je ne vois pas de problème à ce qu’une fille vienne voilée, pour autant qu’elle suive toutes les leçons figurant sur le plan-horaire ». Il insiste sur la nécessité de la tolérance pour parvenir à vivre ensemble.
Mais le code vestimentaire adéquat n’est pas seulement question de religion. À Lausanne, la vice-présidente du parti socialiste de la ville, Séverine Graff, a récemment déposé une interpellation au Conseil communal. Elle y déplore les règlements de certains établissements scolaires de la capitale olympique. Des tenues décentes y sont demandées et, dans certaines écoles, il est exigé que le ventre et le dos soient couverts. De même que certains interdisent les trainings ou les marcels. Ces règlements sont jugés discriminants par l’élue socialiste. Sollicitée, Séverine Graff a préféré ne pas répondre aux questions du Peuple. Un témoignage un peu désolant de son attachement au pluralisme. De son côté, Jean-Claude Savoy est d’avis que l’école a une certaine image à tenir. Concernant le code vestimentaire, il cite le règlement qui impose une « tenue décente ». Mais où se situe la ligne de partage ? Il répond avoir toujours considéré que les élèves devraient s’habiller pour aller à l’école comme ils le font pour aller chez le médecin.
Le regard d’un admirateur des talibans
Mais comment tous ces débats sont-ils perçus par un musulman conservateur ? Nous avons posé la question à un spin doctor (ndlr faiseur d’opinions) autoproclamé, né en Suisse et qui prône un système islamique dans les pays musulmans.
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