16 novembre 2023 • 11 minutes de lecture
Un document exceptionnel que nous nous sommes procuré vous propulse dans la tête d’un prêtre pédophile ayant appartenu aux Chanoines de Saint-Maurice (VS). Et ce, à l’heure où cette congrégation s’enfonce dans la tourmente.
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Confession d’un prêtre pédophile... Voilà comment pourrait s’intituler cette longue lettre dactylographiée que nous avons pu nous procurer. Ce document exceptionnel est signé à la main « Je t’embrasse et je t’aime » par un ancien Chanoine de l’Abbaye de Saint-Maurice (VS) : un certain Laurent K*. Dans cette missive, le quadragénaire avoue à une amie qu’il est pédophile et analyse 11 pages durant la genèse de cette perversion. Né en 1952 à Neuchâtel, aîné d’une fratrie de trois et décédé soixante ans plus tard à l’hôpital de Monthey, Laurent K avait enseigné presque dix années durant au sein du prestigieux Collège de Saint-Maurice, rattaché à l’Abbaye locale. Un haut lieu du catholicisme actuellement dans la tourmente : à la suite de la publication mi-septembre dernier d’un rapport de l’Uni de Zurich consacré aux abus sexuels ayant eu lieu dans l’Église catholique suisse, son numéro 1, le père-abbé Jean Scarcella a décidé de se relever lui-même de ses fonctions jusqu’à la fin de l’enquête dont il fait l’objet. Or dimanche 19 novembre, rebelote : Mise au Point, l’émission phare de la RTS, a révélé son successeur ad interim, le prieur Roland Jacquenoud, a été mis en cause pour des abus sexuels au sein de la congrégation. Une nouvelle tuile pour ce haut lieu du catholicisme valaisan, pépinière de futures élites, où furent notamment scolarisés le conseiller fédéral Pascal Couchepin, l’écrivain Maurice Chappaz ou l’ancien président de la BNS Jean-Pierre Roth…
SURRÉALISTE Dans le « Nouvelliste » du 21 avril 1980, de retour de leur tour du monde, Sylvain** et Laurent K* (à dr. avec son accordéon) chantaient les mérites de leur assurance. Laquelle les avait sauvés d’une mésaventure en Thaïlande, pays où l’instituteur pédophile de Boudry (NE) avait violé plusieurs enfants...
Reste qu’à Saint-Maurice, Laurent K n’aurait fait aucune victime connue. Tout au moins, l’enquête pénale n’avait pu en mettre à jour aucune... Cela avait été relevé lors de son procès à l’automne 1998 à Martigny. Le 6 octobre de cette année-là, le Neuchâtelois de 46 ans écopait de quinze mois de prison avec sursis avec délai de mise à l’épreuve de quatre ans pour des faits qui s’étaient déroulés deux ans plus tôt dans une chambre d’hôtel de Bratislava.
Lors d’une semaine de congé en Slovaquie, le pédocriminel y avait consommé des relations sexuelles avec deux enfants de sexe masculin. Et ce contre rémunération. Et c’était malheureusement loin d’être une première pour lui... La Justice reprochait également au pervers d’avoir importé d’Amsterdam et de Berlin du matériel pédopornographique mettant en scène des enfants abusés. À la suite de la dénonciation d’une femme de ménage, les enquêteurs avaient ainsi retrouvé quelque 300 cassettes vidéo pédophiles dans la chambre que le religieux occupait à l’Abbaye de Saint-Maurice. Les policiers avaient également mis la main sur le récit détaillé en 23 pages dactylographiées dans lesquelles le quadragénaire avait consigné dans une sorte de journal intime sa semaine à Bratislava. Le procès s’était tenu à huis-clos sur proposition du procureur et avait donc rencontré très peu d’écho médiatique à l’époque. Seule une dépêche de l’agence de presse internationale catholique et quelques articles dans Le Nouvelliste en avaient témoigné. Avant sa condamnation, dont la clémence peut surprendre avec le recul des années, Laurent K avait trouvé refuge plusieurs mois durant dans la célèbre Abbaye cistercienne d’Hauterive (FR) sur décision de l’Abbé de Saint Maurice de l’époque Mgr Henri Salina. Et ce bien qu’il ait été réduit à l’état laïc par le Vatican et déchu de son titre de Chanoine en raison de ses crimes, là encore en toute discrétion.
Autres temps, autres mœurs ?
À sa décharge, notons que l’homme avait tout de même purgé plusieurs mois en détention préventive avant son procès. Lors de celui-ci, feu le Procureur Jean-François Gross avait surpris par sa clémence puisqu’il avait requis dix-huit mois de prison, sans toutefois s’opposer « catégoriquement » à l’octroi du sursis, chose assez inhabituelle dans des affaires de cette gravité. Relevons encore que Jean-François Gross était le cousin de Dominique Gross et le neveu de Raphaël Gross, tous deux Chanoines à l’Abbaye de St Maurice… L’expertise psychiatrique diligentée sur Laurent K avait conclu à « une responsabilité diminuée » tout en décelant en lui un développement psycho affectif incomplet et des traits paranoïaques. Le délinquant sexuel avait été interdit d’exercer une activité avec des enfants ou des adolescents, mis dans l’obligation de continuer à suivre une thérapie ambulatoire et soumis à un patronage. Notons que le frère cadet du pervers est pour sa part encore Chanoine mais au sein de la Congrégation du Grand St Bernard. Contacté, il n’a pas donné suite à notre demande d’interview.
Signature manuscrite de la lettre que nous analysons dans la suite de cet article.
Genèse d’une pédérastie
La lettre de Laurent K adressée à son amie, mais aussi transmise à quelques autres personnes, est datée de mars 1998. Soit de la période précédant son procès mais suivant son passage en prison.
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