Raphaël Pomey
Raphaël Pomey

1 décembre 2022 6 minutes de lecture

En enfer il y a mon niveau de vie

J’ai découvert les joies des magasins Lidl et du M-Budget, je ne pars plus en vacances et pourtant je suis heureux. Découvrez le premier bilan de ma vie d’entrepreneur des médias.

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Cela fait un moment que j’ai envie de vous faire découvrir les coulisses de mon activité avec Le Peuple. Comment tourne un journal pareil ? Comment en vit-on ? Est-ce que je suis content de notre développement ? Pourquoi j’écris gratuitement sur cette infolettre alors que je devrais me préoccuper de vendre ma soupe sur notre site ? Voilà des questions que l’on me pose souvent. J’ai décidé d’y répondre en toute transparence.

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Je suis entrepreneur et lance mon média indépendant Le Peuple et cette lettre d’information «En enfer il y a...». 

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Ces jours, nous bouclons notre quinzième édition. Ce qui veut dire que depuis cinq mois, nous sortons nos huit grandes pages rituelles chaque deux semaines, en plus de quelques articles gratuits et de ce que je partage avec vous ici deux fois par semaine environ. Pour quel résultat financier ? Pas grand-chose, sans surprise, puisque j’ai connu des mois de vaches maigres absolues, des périodes de détresse financière et morale complète, tempérées il est vrai parfois par quelques dons ou de soudains afflux d’abonnements. Je ne me plains pas : j’ai voulu cette vie et je préfère la liberté dans la précarité à mon ancien statut de journaliste du système, à peu près en mesure de partir en vacances à Malte (le Tessin c’est de toute façon trop cher...) mais prisonnier du conformisme idéologique de ma branche. Et puis c’est intéressant, comme expérience, la pauvreté : moi qui avais toujours appartenu à la classe moyenne inférieure, j’ai découvert la manière de faire comprendre subtilement à son compagnon de table qu’on est fauché, tout en surjouant le startuper hyper-optimiste (spoiler : je ne suis pas très bon pour ça) auprès des gens qui me connaissent de loin. J’ai bien apprécié aussi ma découverte de Lidl : moi qui déteste depuis toujours les magasins, au point que je n’osais même pas adresser la parole à une caissière à vingt ans, me voilà réduit à subir les injonctions continuelles des haut-parleurs de cette antichambre de l’enfer quand je veux acheter du bœuf.

Ce genre de vie-là...

Mais revenons à nos moutons : comment tourne Le Peuple ? Grâce à une petite équipe dévouée, tout d’abord. Entre la relecture, assurée conjointement par une amie et par mon père, la mise en page et, évidemment, la rédaction de différents articles, je peux compter sur un certain nombre de personnes qui m’épaulent plus ou moins incognito dans ce projet. Ma femme, plus patiente et plus organisée que moi, s’occupe en outre du secrétariat et des paiements. Généralement, j’ai remarqué que ce sont les gens les plus humbles qui sont le plus constants dans l’effort, tandis que les personnes persuadées de détenir la science qui vous manquait jusqu’à leur rencontre changeront de route à la première difficulté venue. Ce qui m’amène à l’un des délices de ma condition : devoir faire des sourires à des personnes qui me tiendront la jambe durant deux heures pour me dire comment faire un canard, particulièrement quand elles ont pas mal d’argent, alors qu’elles n'imagineront jamais ne serait-ce que prendre un abonnement. Je me suis endurci, depuis le début de l’année, et je crois que je sens désormais assez bien ceux qui me tournent autour par intérêt, ou dans le but de réellement contribuer au développement d’une autre presse. En somme, la dureté est inévitable pour ne pas finir dans le mur.

Merci à femme qui vient de m'immortaliser au turbin dans une posture pas terrible pour mes vertèbres.

Venons-en au nerf de la guerre : notre réalité financière. Pour faire simple, chaque édition (en Suisse, ce qui coûte un bras) est un petit miracle. Notre abonnement en version papier a beau être hors de prix, il ne couvre même pas les frais d’impression et de distribution du journal. Et comme nous ne vendons pas de pub -je suis directeur d’une modeste association qui ne brasse même pas l’argent nécessaire pour devoir figurer au registre du commerce- nous sommes constamment en flux tendu. De fait, si je parviens aujourd’hui à finir un peu plus correctement mes mois, c’est que mon activité est en train de basculer vers celle d’un indépendant. Au moins une semaine sur deux, je me consacre à d’autres boulots (conseil, piges, rédaction...) qui s’accumulent au point de devenir le cœur de mon activité professionnelle. Ma femme, aussi, collectionne les petits boulots en plus de son engagement bénévole pour Le Peuple ou pour l’Église catholique.

Pourquoi il ne peut pas y avoir de presse de droite forte en Suisse

Ces derniers jours, plusieurs amis m’ont envoyé des articles délirants sur tel ou tel combat bien confortable, comme la traque aux jouets genrés dans les grandes surfaces, ou l’intégration des personnes non-binaires en ville de Lausanne. Tous s’accordent à dire qu’il est délirant de devoir non seulement payer ce genre d’experts avec nos impôts, mais encore de devoir acheter un journal pour apprendre que ces fonctionnaires nous apportent les lumières de la civilisation. Fort bien, mais alors pourquoi ne pas favoriser l’éclosion d’une presse authentiquement -disons le mot- de droite ? A cette question, la réponse est que nous sommes fondamentalement divisés. Les libéraux contre les conservateurs, les chrétiens contre les laïcards, les chrétiens entre nous, les opposants ou non aux mesures Covid... On peut bien rire de chaque nouveau délire de la gauche progressiste, il se trouve que ses dirigeants savent faire bloc quand ça compte, tandis que nous nous enfermons dans des divisions stériles. L’intelligence est de leur côté, pas du nôtre.

Portrait, chez 24 heures, du nouveau délégue LGBTQIA+ de la Ville de Lausanne. Un homme -pardon un non-binaire- qui a ceci en commun avec les pilots de drones américains de combattre très fort sans se mettre beaucoup en danger.

On m’a parfois caricaturé, avec mon journal : moi qui n’apprécie rien plus que de jouer au basket tout un après-midi avec des Kosovars, on m’a décrit comme un xénophobe populiste. Parce que je m’oppose aux déliresgenderfluids, on m’a aussi décrit comme un bigot. Je suis pourtant certain qu’une majorité d’homos seraient d’accord avec moi pour juger débile qu’il suffise de s’identifier en femme pour aller leur piquer des ceintures de championnes d’arts martiaux mixtes. La vérité est que ce ne sont pas des prises de position que nous assumons assez, à droite, avec pour conséquence qu’on devient très rapidement l’extrémiste de service quand on se fait l’avocat du sens commun.

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Ce qui m’amène à ce constat amer : la droite souffre d’avoir délaissé le combat des idées. Parce que cela ne rapportait pas, elle a laissé tomber l’éducation publique, devenue un laboratoire terrifiant de déconstruction des normes nécessaires à la vie en société. Parce que nous avons hérité de la mauvaise conscience de nos voisins et de leur éternelle repentance coloniale, nous n’osons même plus affirmer que nous possédons un art de vivre qui, au même titre que celui des populations que nous accueillons chez nous, mérite lui aussi d’être défendu.

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Mais oui Maurice, c'est super!

Pour ma part, je ne me voyais pas plus longtemps continuer à servir la soupe tiède de mon milieu. Je suis passé dans des rédactions au sein desquelles le seul débat, bien souvent, paraissait déjà suspect. Parce qu’il y aurait des gens avec lesquels on ne discute pas à moins de vouloir « faire leur jeu ». J’ai donc décidé de combattre cette moraline, quitte à manger du Lidl. J’espère rapidement redevenir un citoyen responsable qui a les moyens de s’acheter de la viande végétale à 50.- le kilo, comme chez une épicerie pop up récemment présentée par Blick. D’ici-là, et parce que le combat des idées est la mission de ma modeste existence, je continuerai à écrire gratuitement ici, et dans mon journal tant que nous pourrons l’imprimer.

Que Dieu nous garde,
Raphaël Pomey

P.S. Aujourd'hui c'est mon ami Lucien qui a relu ce texte, merci à lui.


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