Raphaël Pomey
Raphaël Pomey

20 juin 2022

#3 Pour un journalisme qui « ne fait pas caca »

Ce métier peut-il encore être sauvé ?

Inutiles pour développer votre business ou vous ouvrir les chakras: mes publications sont un défouloir personnel où il est interdit de montrer de la « bienveillance » et de « croquer la vie à pleines dents ». Rédacteur en chef du journal « Le Peuple » et philosophe de formation, j’y dégonfle des baudruches et vous oriente vers les auteurs que j’aime.

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Retour dix ans en arrière. À cette époque, j’étais un journaliste respectable parce que je cotisais dans un syndicat (de gauche) comme tout le monde, je courbais poliment l’échine devant mes bons maîtres (de gauche) et je gardais ma philosophie (pas tant de gauche) pour moi. Je faisais beaucoup de muscu pour ne pas ressembler à Zemmour mais à part ça j’étaisclean.

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(Ce moment douloureux où l'on découvre qu'on est devenu une Error 404 sur le site de son ancien employeur). DR

Mon métier consistait à produire du vide sur un site web : en gros résumé, des diaporamas où je décomposais des vidéos de chats qui se cassaient la gueule de fenêtres ou de Russes bourrés qui se plantaient en voiture. Je gagnais correctement ma vie, je commençais à me reproduire et je n’avais pas mal aux tendons d’Achille après mes footings.

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Hier soir, je suis tombé sur un sujet de Watson qui nous présentait « 9 WC où faire caca une fois au moins dans sa vie ». Je vais vous décevoir : je ne vais pas taper sur la collègue qui a commis ce papier parce que moi aussi j’ai dû pondre ce genre de trucs, à peu près à son âge. Trop facile aussi de taper sur le média en lui-même, qui a besoin de clicks pour vendre de la pub et survivre sur le marché. Croyez-moi, je serais ravi que l’on puisse devenir très riche en parlant de Chesterton ou du refus du droit naturel dans l’œuvre de Nicolás Gómez Dávila. Il faut bien admettre, cependant que notre civilisation est davantage portée sur « le charme discret de l’intestin » ou « l’éloge de la faiblesse », pour citer deux exemples qui me font douter du bien-fondé du suffrage universel.

Ce matin, mon collègue et moi venons d’envoyer le nouveau numéro de notre magazine Le Peuple à l’imprimerie de Ste-Croix (d’ailleurs plutôt de gauche). J’ai, comme toujours, le sentiment que cette édition est la bonne, qu’il y a suffisamment de scoops et de punchlines pour que nous franchissions un nouveau cap. Les gens qui ne marchent pas sur la tête ne se satisferont pas éternellement de médias avec lesquels ils ne prennent pas leur pied.

Le journal sera en ligne demain. Le meilleur jour d'une existence, c'est d'ailleurs toujours le lendemain.



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Que Dieu nous garde,

RP

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Raphaël Pomey
Lancé il y a 1 an

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