10 août 2022 •
Ou comment la cancel culture dévoile peu à peu son visage monstrueux en Suisse.
Inutiles pour développer votre business ou vous ouvrir les chakras: mes publications sont un défouloir personnel où il est interdit de montrer de la « bienveillance » et de « croquer la vie à pleines dents ».
Rédacteur en chef du journal « Le Peuple » et philosophe de formation, j’y dégonfle des baudruches et vous oriente vers les auteurs que j’aime. N'oubliez pas de vous inscrire à mon compte, sous cette newsletter, si je vous ai fait rigoler, si je vous ai ému ou si vous avez apprécié votre dose de liberté.
Ce que j’aime bien, dans le monde libre, c’est qu’on y est précisément libre à condition de lutter pour les mêmes causes que tout le monde, de partager les mêmes inquiétudes que tout le monde et surtout de parler à un nombre extrêmement limité de personnes. En gros, celles dont on partage déjà toutes les convictions.
J’avais moi-même senti le vent du boulet, l’an dernier, alors que j’étais allé donner une conférence à l’Academia Christiana, un mouvement chrétien identitaire français. L’accueil y avait été chaleureux, les jeunes charmants et j’avais pu plaider en faveur d’un œcuménisme qui n’était pas de rigueur en ces lieux. Je me souviens que j’y avais aussi expliqué, en début de conférence, que l’immigration ne posait pas grand problème dans ma région et, vers la fin, que je me foutais bien de la couleur de peau des gens. Personne ne m’avait lynché et mon bouquin est même encore en vente sur leur site. Vous pouvez voir la vidéo de mon intervention ci-dessous :
Vice-président de l’UDC Vaud, Yohan Ziehli a rencontré en juin dernier des personnes qui se trouvaient sur les lieux de ma conférence. Parmi elles, l’abbé Raffray, le curé traditionnaliste star du Web francophone, et Jean-Eudes Gannat, un militant français bien connu du monde catholique identitaire. Ce beau monde participait, à Lausanne, à une soirée du média satirique Hallebarde.ch. Un site politiquement très incorrect, mais qui ne fait pas l’objet de condamnation à ma connaissance, à la différence d’ailleurs de titres autrement plus respectables.
Mais bref, il n’en fallait pas davantage pour que les médias d’état, bien épaulés par la plateforme militante renverse.co, dénoncent les fréquentations « sulfureuses » de l’élu agrarien et se mettent en quête, au sein du parti, d’une personne qui voudrait bien lui casser du sucre sur le dos. Je crois que le défenseur de la vertu tant attendu n’a pas encore montré le bout de son nez, mais je suis certain que ça viendra. Il y a toujours du monde pour venir salir les petits camarades, s’il y a une petite place à gratter quelque part.
Défenseur de l’état de droit
Ce qu’on n’a pas beaucoup lu, c’est que Yohan Ziehli participait à l’événement tant décrié pour défendre un engagement politique respectueux des institutions. Devant un parterre de militants plus ou moins radicaux, l’élu UDC ne se trouvait donc pas en terrain conquis, mais dans une posture de défenseur de l’état de droit. Mais quand on peut salir par association, pourquoi s’embêter avec pareilles broutilles ? Un élu de gauche qui fricotterait avec gens qui bloquent des ponts – illégal, ça, du coup – subirait à n’en pas douter une même campagne de dénigrement, n’est-ce pas ?
Un ami politicien de gauche m’a dit aujourd’hui qu’il fallait quand même « veiller avec qui on traine ». Je ne pense pas. En fait, je pense même qu’il importe de se foutre parfaitement du casier, non plus judiciaire, mais médiatique des personnes avec lesquelles on discute. Si un individu est jugé « sulfureux » ou ses propos « douteux », c’est certainement qu’il y a une petite chance que l’on se retrouve enfin face à un homme libre. Une personne avec laquelle on ne sera pas d’accord sur tout, mais avec laquelle il sera justement intéressant de converser, grâce à nos différences. On ne peut pas défendre la liberté sans refuser qu’on nous dicte à qui on a le droit de causer.
Un drôle de fascisme
J’ai rencontré Yohan Ziehli il y a une dizaine d’années. Il revenait de son troisième voyage en Israël, si mes souvenirs sont exacts. C’est un aspect de son idéologie qu’il a un peu mis en sourdine pour se concentrer sur la politique intérieure, en Suisse. Je ne crois pourtant pas qu’il ait fondamentalement changé d’opinion quant au droit à l’existence, et à l’autodéfense armée, d’Israël. J’ignore si je partagerais la plupart de ses opinions sur le sujet, très certainement que je m’en foutrais un peu. Mais admettons que comme personne « proche des néofascistes », on fait mieux.
Surtout, j’aimerais, et je terminerai là-dessus, qu’on m’explique où se trouve la liste des gens avec lesquels on a le droit, ou non, de converser. Est-ce qu’on a le droit de demander un autographe à Will Smith depuis qu’il s’est transformé en preux chevalier de la galanterie en tapant les gens ? Est-ce qu’il est permis d’envoyer un Tweet à J. K. Rowling depuis qu’on a découvert que l’autrice d’Harry Potter a l’audace de penser que seules les femmes ont leurs règles ? Est-ce que j’ai le droit, moi, d’inviter Yohan Ziehli à continuer à défendre la démocratie directe devant ceux qui n’y croient guère ?
Il y a un truc qui marche assez bien, dans notre société : ça s’appelle le cadre légal. Certains veulent nous imposer d’autres règles. Pour ma part, la réponse sera un « non merci » poli.
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Que Dieu nous garde,
RP
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