Le Ministère de la Vérité l’a décidé : les hommes doivent pouvoir tomber « enceints ».
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Chers amis, Chers camarades,
On a bien rigolé, ces derniers jours, avec la diffusion de nouveaux visuels du Planning Familial, en France. Pour ceux qui les ont loupés, on y apprenait que les hommes pouvaient porter des bébés, avoir leurs règles et qu’il était tout de même drôlement «problématique» d’imaginer que ces réalités biologiques ne concerneraient que les dames.
Alors évidemment, les Réseaux Sociaux sont saturés d’esprits chagrins qui se sont rués sur l’occasion pour se moquer de ces messages inclusifs, progressistes et peu soucieux de fondement biologique. C’est d’ailleurs ce qui a fait dire à son créateur, sur Twitter, que le Planning Familial était, plus que jamais, « vital pour toustes », dans un monde « de plus en plus conservateur ».
C'est pas parce que le Covid est derrière nous qu'il faut cesser de le lire
Mon projet, avec cette newsletter, n’est pas d’attaquer la manière dont les gens se perçoivent, femmes, hommes ou kangourous nouveau-nés. Par exemple, sans doute que je me perçois comme un mec mesuré à propos du sujet que j’aborde ici, alors que vous me prenez pour un abruti complet. En revanche, en relisant des passages du 1984 d’Orwell, ce matin, je me suis dit que la reconnaissance de projections de l’esprit détachées de toute réalité biologique ressemblait quand même sacrément au système totalitaire décrit par l’écrivain anglais.
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La bête immonde est de retour
Un passage qui m’avait déjà marqué, à la première lecture, c’était celui où le narrateur explique que tôt ou tard, «le Parti finirait par annoncer que deux et deux font cinq» et qu’il «faudrait le croire». Et Orwell de préciser : «L’hérésie des hérésies était le sens commun». Pas de réalité extérieure à la vision du Parti, fini. On pense pour vous, on sait pour vous, merci de vous aligner.
En dénonçant un complot d’extrême-droite (voir le communiqué)contre sa campagne, le Planning Familial ne fait pas autre chose que le Ministère de la Vérité du roman d’Orwell. Il indique que toute personne qui privilégierait l’expérience, laquelle indique qu’il est compliqué de porter un enfant sans posséder un utérus, est un hérétique, et en définitive un monstre susceptible de planifier une campagne d’extermination. Du reste, je m’étonne qu’il n’y ait pas encore eu de procès contre Wikipedia, qui définit la grossesse comme «l’état de la femme enceinte». Arrière Satan !
La bonne ambiance du progrès!
On trouve aussi ce passage, dans 1984, à propos du sujet d’Océania, le paradis totalitaire au sein duquel vit le héros, Winston : «Il doit être coupé du passé, exactement comme il doitêtrecoupé d’avec les pays étrangers car il est nécessaire qu’il croie vivre dans des conditions meilleures que celles dans lesquelles vivaient ses ancêtres et qu’il pense que le niveau moyen du confort matériel s’élève constamment.» De ce point de vue, le programme du Parti est accompli : nous avons perdu la religion de nos pères, perdu les savoirs manuels minimaux de nos grands-mères, désappris à chasser, voire à faire du feu. Ne restait plus qu’à rendre l’expérience, celle qui fonde le savoir au moins depuis Descartes, suspecte ou discriminante. Depuis qu’il est d’extrême-droite de se fier à la biologie, ce danger est également derrière nous. Rien ne saurait s’opposer à l’illusion du progrès constant.
Un grand manspreading de l'esprit
Alors comment survivre moralement dans ce grand naufrage bienveillant ? Ma proposition est toute simple : en ne craignant pas l’accusation de ce qu’Orwell appelle le «Facecrime», dans son livre. A savoir le fait d’oser se montrer incrédule devant chaque nouvelle victoire du Parti. Et plus qu’incrédule, osons nous montrer taquins en posant la question suivante: est-ce que la conquête masculine des bastions biologiques de la féminité est réellement un progrès ? N’est-ce pas une manière de dire aux femmes que, même ce qui caractérise leur «être-au-monde», pour parler avec Heidegger, nous pouvons en prendre possession ?
Les mêmes qui se sont engagés avec force contre le manspreading (ndlr le fait pour un homme d’être assis les jambes très écartées dans le métro) ne semblent pas réaliser une chose essentielle. Sous couvert de progrès, en niant la spécificité biologique féminine, c’est à un immense manspreading de l’esprit qu’«ielles» participent.
Que Dieu nous garde, Raphaël Pomey
*Le monsieur non-binaire répondait à l'inquiétude du présentateur, en difficulté pour inviter des femmes. Manspreading d'un nouveau genre, on vous dit...
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Ce qui fonde la possibilité pour un homme transgenre de porter un enfant, comme vous dites, est le fait qu'il soit biologiquement une femme. La grossesse, selon le dictionnaire, est l'état de la femme enceinte.
Il peut se ressentir tout autre (et mes pensées l'accompagnent si c'est une chose douloureuse), il peut être reconnu légalement en tant qu'homme (certains pays reconnaissent le changement de sexe sans aucune intervention médicale), mais biologiquement, cette personne doit être une femme pour avoir une grossesse. Si tel n'est pas le cas, il faut changer le sens des mots, tel que définit par le dictionnaire.
Fred
Si certains hommes transgenres peuvent avoir une grossesse, ce n'est pas le cas de tous les hommes (trans- ou cisgenre), et j'espère que peu pensent cela possible. Et je ne vois pas le lien avec la communication inclusive des institutions de soin.
Raphaël Pomey
Qu'il y ait, comme vous le dites, un continuum, ne change pas grand chose au fait que j'aurai bien du mal à porter un enfant demain. Cela relève-t-il du totalitarisme? Je ne crois pas, du moins pas au sens d'une domination injuste posée par l'être humain sur ses semblables. C'est la biologie, et les déterminismes qui vont avec.