Derrière le culte des « nouvelles mobilités», la disneyisation du monde.
Inutiles pour développer votre business, mes publications sont un défouloir où il est interdit de montrer de la «bienveillance» et de «croquer la vie à pleines dents». Rédacteur en chef du journal «Le Peuple»et philosophe de formation, j’y dégonfle des baudruches et vous oriente vers les auteurs que j’aime.
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Chers amis, Chers camarades
Il y a quelques jours, je suis tombé sur une émission radio très sérieuse, sur le service public suisse, qui nous demandait s’il n’était pas temps d’arrêter de faire des enfants. Parce que tout de même, on est déjà beaucoup trop ; parce que la planète est en danger ; parce qu’en 2022, est-ce qu’on peut encore vraiment faire ci ou ça... Bref, vous connaissez trop bien la rengaine. D’ailleurs, je trouve ça vraiment super que l’argent public serve à financer de grands programmes de démoralisation de la population. Il n’est pas si lointain le moment où je devrai aussi payer des impôts pour soutenir les cercles de parole de personnes éco-anxieuses.
Disneyland, notre ultime horizon
Il y avait parmi les intervenants une jeune femme qui nous expliquait qu’elle trouvait plus logique, dans ces conditions, d’adopter que de donner vie « à quelqu’un qui lui ressemblerait ». Cette dernière phrase m’a marqué parce que, paradoxalement, je crois que l’humanité n’a jamais autant tenté de confondre l’enfance et l’âge adulte. On ne veut pas d’enfants qui nous ressemblent, mais d’un autre côté, on met en place la plus vaste régression fun de l’histoire. On met en vente des strings taille huit ans, mais on défile avec des ballons contre la pédophilie. Philippe Muray, dont je vous parle souvent, parle de « disneyisation du monde », dans son livre le plus important, « L’Empire du Bien ». Et je crois que c’est bien de ça dont il s’agit : d’un côté des enfants conviés par des serveurs non-binaires à avaler des gaufres en forme de pénis, comme à Lausanne. De l’autre, des adultes qui flottent, souverains, sur les trottoirs des villes grâce à leur trottinette. Les deux visages de l’euphémisation monstrueuse du réel.
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Éloge de l’andouillette
Il y a un bistrot que je vénère, à Lausanne, qui s’appelle «L’Europe». J’aime cet endroit parce que toutes les couches sociales s’y mélangent, parce que la serveuse historique tutoie tout le monde et fait des becs aux gens qu’elle aime bien. On y trouve des plats importants. Vous connaissez mon aversion pour la mode des bowls. Je vous ai aussi parlé, sur un mode moins agressif, des food trucks. Eh bien disons que « L’Europe », c’est une autre ambiance.
"Le Café de L'Europe", une certaine idée de la vérité. Notez les pieds de porc sur l'ardoise.
On y trouve l’âme de notre bon vieux continent, j’ai nommé la divine andouillette, à la carte toute l’année (enfin, selon mes observations). Et en fait, je vais vous faire un aveu : je ne sais pas si j’aime énormément l’andouillette, mais ça fait partie des choses que je prends au restaurant, comme la tête de veau et les pieds de porc, moins par goût que pour le combat culturel. Je n’ai tout simplement pas envie que ces éléments du patrimoine disparaissent, alors parfois je me sacrifie, même si je me demande comment on peut en raffoler sans s’appeler Jacques Chirac. Je sais que je passe souvent pour un cinglé auprès de mes copains, avec cette théorie, mais mieux vaut ça que leur sale habitude de mettre du parmesan sur des pâtes aux fruits de mer.
Souris camarade, la laideur est devant toi
Je mangeais sur la terrasse avec une amie, l’autre jour, quand on a vu passer un prototype de cette nouvelle race de gens qui ont beaucoup de sous: un mec en costard bleu tellement serré qu’il hypothéquait ses chances de reproduction, des baskets blanches comme le syndic Grégoire Junod, et des énormes écouteurs -semblables à des moteurs de bateau- sans fil aux oreilles. Il roulait très vite, comme toujours les gens qui sauvent la planète sur leurs engins électriques, mais j’imagine qui si j’avais pu l’étudier plus longtemps, j’aurais encore aperçu une montre connectée, une liseuse planquée dans le sac, et les clés d’un local dans un «incubateur de start-ups». Je n’éprouverais même pas d’animosité à son égard, juste le sentiment de ne pas être du même monde. Entre l’efficacité et l’esthétique, je suis de ceux qui choisissent la beauté. «Kalos kagathos», ai-je appris lors de mes vieux cours de grec : ce qui est beau est bon. Et la trottinette électrique est affreusement laide.
La post-humanité voyagera électrique, il n’y a pas de doute. Et moi j’ai le sentiment de ne pas lui appartenir. J’ai grandi en gardant les vaches dans des pâturages autour de mon village, Vallorbe, à la frontière franco-suisse. J’y passais mes journées avec des paysans, des êtres parfois assez rudes, pas tellement portés sur le sirop menthe. Ces gens peuplent mes souvenirs. La moindre de leur discussion leur vaudrait aujourd’hui des mois de prison et leurs grilles de lecture de l’actualité misaient souvent plus sur l’efficacité que sur la subtilité, disons. Ils me manquent. Et parfois j’imagine ce qu’ils diraient face à des startupeurs et autres banquiers à roulettes. Certainement pas que du bien. Peut-être même que, spontanément, les vaches plutôt placides dont je m’occupais se mettraient à les chasser.
Ce serait un joli baroud d’honneur. Après la scène, on irait s’enfiler un de ces plats traditionnels, pas forcément très bon mais nécessaire, et on se dirait qu’on a contribué à repousser d’un jour l’effondrement. Peut-être même qu’on irait refaire un gamin, après une gentiane de trop.
Que Dieu nous garde, Raphaël Pomey
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