Raphaël Pomey
Raphaël Pomey

6 septembre 2022

Il y a des baudruches en enfer (Vol. 2)

Il est plus intelligent que nous tous. Mais Aurélien Barrau, nouveau patron du Mandarom collapsosophe, nous agace prodigieusement.

Inutiles pour développer votre business, mes publications sont un défouloir où il est interdit de montrer de la «bienveillance» et de «croquer la vie à pleines dents». Rédacteur en chef du journal «Le Peuple» et philosophe de formation, j’y dégonfle des baudruches et vous oriente vers les auteurs que j’aime.

N’oubliez pas de liker, commenter et partager pour soutenir mon travail ! Pour vous abonner, c'est ici ?

Merci ?



Chers amis, Chers camarades,

Il y a des gens, comme ça, que l’on ne souhaite pas forcément laisser entrer dans nos vies. Parce qu’ils devraient ôter leur Rolex avant de nous donner des leçons de décroissance. Parce qu’ils ont une dégaine qui ne nous revient tout simplement pas, avec leur thigh gap, leur collection de bracelets et leurs baskets roses. Parce que nous estimons, en résumé, qu’ils peuvent garder leurs leçons de morale pour eux. Ce sont ces fameuses baudruches que j’aime, dans cette newsletter, à dézinguer régulièrement.

Aurélien Barrau, astrophysicien et un peu philosophe français, est de cette race. Pas un jour sans que l’universitaire, que l’on verrait bien dans le rôle d’Hélène sans les garçons, ne s’affiche sur nos écrans. L’homme, qui manie aussi bien le verbe que le sèche-cheveux, a toujours l’air grave, concentré sur sa mission éternelle et sacrée. Parce que voyez-vous, à partir d’une certaine hauteur intellectuelle, on a le poids du monde sur ses épaules, même quand elles ne permettraient pas de gagner à la baston contre Éric Zemmour. Aurélien Barrau est un Aymeric Caron qui a muté, un peu comme un Pokémon, pour se transformer en Dalaï Lama desséché.

fuckingyouth | Pokemon eeveelutions, Pokemon eevee evolutions, Pokemon waifu

D'astrophysicien à Pokémon

Or il se trouve que le monsieur est décroissant, comme Greta Thunberg avant lui, mais fort d’un pedigree qui lui permet d’enfoncer des portes ouvertes avec l’autorité de Daniel Cohn-Bendit dans un jardin d’enfants.

Conscient qu’il vaut mieux parler aux très riches qu’aux bouseux de notre espèce, il s’est rendu voici quelques jours à l’université du Medef, principale organisation patronale française. Je ne vais pas vous mentir, comme Suisse, je ne connais pas super bien le Medef, mais j’imagine que les gens qui se rendent à ses petits colloques prennent plus facilement la Merco que le métro. Peu importe, finalement, puisqu’ils allaient aussi en prendre pour leur grade cette fois.

Un rebelle bien autoritaire

Et ça n’a pas manqué, d’ailleurs, vu que « les meilleurs punchlines de l’écolo » sont déjà compilées sur une vidéo mise en ligne par L’Obs. Sacrés rebelles que ceux dont la presse unanime réalise des «best of » ! L’une des saillies remarquées nous apprend que « tant que vous nommerez, vous chefs d'entreprise, croissance le fait de raser un espace gorgé de vie pour le remplacer par une plateforme commerciale nous n'aurons pas commencé à réfléchir sérieusement ». Et on se dit déjà que les élèves du génie chevelu ont bien de la chance de réfléchir sérieusement dans les bois plutôt que dans une triste classe en béton. Il y a des gens qui paient des écoles privées pour permettre ça à leurs gamins.

Reste que c’est dommage de ne pas avoir profité de l’avoir sous la main pour « commencer à réfléchir sérieusement », comme il le demandait. Peut-être même que lui y gagnerait, si sûr de sa supériorité morale qu’il semble parfois négliger les conséquences des solutions qu’il préconise. Voilà tout de même un bonhomme qui, il y a quelques années, nous expliquait qu’il « exécrerait évidemment l’avènement d’une dictature », mais que « si on continue à dire que chacun peut faire ce qu’il veut, on oublie le commun. » Je ne sais pas vous, mais mon petit doigt me dit que le monsieur se sent certainement l’autorité pour définir ce qui devrait représenter « le commun » du point de vue de tout un chacun. De tout un chacun sauf moi, malheureusement, dans la mesure où je crois que l’humanité, comme la planète, est déjà totalement bousillée et qu’il n’y a qu’un Dieu qui puisse encore la sauver.

Top 30 Aurelien Barrau GIFs | Rechercher le meilleur GIF sur Gfycat

Dans le fond, il est chou

C’est d’ailleurs ça le pire, finalement : je ne pense même pas que tout ce que raconte Barrau mérite moqueries et quolibets, loin de là. Qu’elle se déploie sous les apparences d’une démocratie, d’une dictature ou de régimes autoritaires, je crois aussi qu’une civilisation de la matière, comme disait Bernanos, est condamnée à l’implosion.

Plutôt Poutine que Barrau

J’ignore même si je suis libéral au point de faire passer n’importe quelle liberté (par exemple sponsoriser la Formule 1, comme les gens qui produisent les montres que Barrau porte au poignet) avant la responsabilité écologique. Ce qui est certain, c’est que comme dictateur, même un Poutine me fait plus envie que la nouvelle coqueluche des magazines pour coiffeuses. C’est une question d’esthétique, comme souvent dans la vie. Mais j’aime autant me retrouver face à un tyran qui sait faire deux ou trois prises de judo et qui ne m’interdis pas de bouffer des trucs rigolos avec Depardieu, plutôt qu’avec une momie qui gagne trois fois mon salaire mais m’apprend la sobriété heureuse.

Lors de son passage au Medef, l’astrophysicien français s’est étonné que l’aréopage de gens très riches qui l’écoutaient applaudissent ses interventions. « Preuve que les mentalités sont peut-être en train de changer », a-t-il semblé s’émouvoir. Gageons que oui, elles changent, et que tout le monde est sur le point de comprendre que notre échappé des contes de la crypte est le nouvel ambassadeur du greenwashing radical.


Que Dieu nous garde,
Raphaël Pomey


Soutenez la liberté d'expression: inscrivez-vous gratuitement à cette infolettre ?

Vous pouvez aussi m'aider à vivre de ma plume grâce à un don, anonyme par Twint, à mon journal. 

Vous êtes abonné

par 
Raphaël Pomey
Lancé il y a 2 ans

Vous devez être connecté pour écrire un commentaire

Se connecterCréer un compte
  1. André
    Fidèle lecteur, je me suis encore régalé ! Merci Raphaël !
© 2023 - Raphaël Pomey
ConfidentialitéConditions
Partager – Écrire et partager avec votre communauté
Publier sur Partager