Vincent Laarman

9 juin 2023 4 minutes de lecture

Avec des "si"

On mettrait Paris en bouteille

Chère lectrice, cher lecteur,

  • Si la distance de la Terre au soleil avait été 1 % plus longue, ou plus courte, notre planète aurait été un congélateur ou une fournaise inhabitable ;

  • Si la masse de la Terre avait été tant soit peu plus importante, la gravité aurait été plus forte et elle aurait retenu intégralement les gaz les plus légers comme l'hydrogène et l'hélium, ce qui aurait créé une atmosphère irrespirable à base de méthane ou d'ammoniac ;

  • Réciproquement, si la masse de la Terre avait tant soit peu plus faible, elle aurait laissé échapper l'hydrogène, l'oxygène, ainsi que l'eau qui serait allée s'évaporer dans l'espace ; nous n'aurions pas eu d'atmosphère ;

  • Au cœur de la planète, la présence d'un noyau métallique semble essentielle. Ce noyau produit par sa rotation un champ magnétique qui protège la surface de la planète des rayons cosmiques néfastes au développement de la vie ;

  • Nous avons aussi une chance folle que la Terre contienne juste ce qu’il faut de matière radioactive pour ne pas nous détruire, mais suffisamment pour libérer l’énergie cruciale pour entretenir, durant des milliards d’années, le volcanisme et la tectonique des plaques, qui sont des facteurs essentiels à la vie (que Mars n’a pas) ;

  • La présence d’un gros satellite comme la Lune assure, par son influence gravitationnelle, une plus grande stabilité de l'axe de rotation de la planète et donc une plus grande stabilité de paramètres tels que la température moyenne ; sans la Lune, il n'est pas sûr du tout que la vie aurait pu se développer ;

  • Sans les étoiles même, disposées de la façon dont elles sont,  il n’y aurait pas eu la stabilité nécessaire au système solaire pour laisser le temps à la vie d’émerger, sur plusieurs centaines de millions d’années ;

  • L’orbite de la Terre semble très exactement calculée pour permettre l'émergence de la vie : une orbite plus elliptique aurait entraîné des variations de distance et de flux d'énergie créant une situation d'extrême instabilité des températures...

Et ce n’est que le début du problème : 

--> Si la vitesse d'expansion initiale de l'univers avait été plus faible, la phase de nucléosynthèse aurait duré plus longtemps. Cela veut dire que les éléments (atomes) n’auraient pas été répartis de la même façon. Nous aurions pu avoir, par exemple, un univers tout fait de métaux, donc stable et totalement stérile.

--> Enfin, et surtout, il faut savoir que l’ensemble des forces physiques fondamentales (gravitation, force électromagnétique, forces nucléaires électro-forte et électro- faible) et des constantes universelles (vitesse de la lumière, constante de Planck, constante de gravitation...) sont idéalement réglées pour permettre l'apparition de la vie. Le moindre changement de ce côté là entraînerait, lui-aussi, notre annihilation instantanée !!

Bref, dès que nos pauvres petits cerveaux se mettent à raisonner sur les chances d’apparition, ou de maintien, de la vie sur Terre, ou sur Mars, il est normal que nous commencions à paniquer.

Se méfier des prévisions

En matière d'avenir, les prévisions sont, déjà, en général incroyablement difficiles à faire, disait un humoriste.

Mais dès qu'on traite de sujets complexes comme le climat, la géopolitique, l'économie, les finances, la démographie, le cosmos, les prévisions deviennent plus qu'extraordinairement incertaines.

Vous souvenez-vous des prévisions des experts sur le prix du gaz au début de la guerre en Ukraine ?

Avec la coupure des gazoducs approvisionnant l'Europe, il semblait absolument certain il y a un an que nous étions partis pour des années de pénurie, avec une hausse des prix exponentielle.

Chaque soir au journal de 20 h, les journalistes annonçaient, le souffle court, la baisse des flux de gaz envoyés par la Russie dans les pipelines. Et puis Nord Stream 1 et 2 ont été sabotés. Cela devait, forcément, entraîner une explosion des prix.

Hé bien… pas du tout.

Un an plus tard, non seulement les prix du gaz ont baissé ; ils atteignent actuellement des plus-bas historiques.

En tenant compte de l'inflation, les prix du gaz sont aujourd'hui bien plus faibles que dans les années 1990 et 2000.

Il en va de même pour l'huile de tournesol, dont on nous annonçait il y a un an que les plus graves pénuries allaient se produire.

Les journaux qui annonçaient les pénuries restent, curieusement, étrangement silencieux depuis que les prix retrouvent leurs niveaux normaux.

Mais personne, je dis bien personne, n'avait pu prévoir que la crise serait d'aussi courte durée.

De même, la hausse vertigineuse des taux hypothécaires devait, selon toutes les prévisions des économistes, entraîner une baisse des prix immobiliers. Un an plus tard, on constate un maintien, et même une hausse de 3,5 % sur le marché américain qui a pourtant connu... la plus forte hausse des taux hypothécaires, qui sont montés à 8 % !!

Avec toute leur armada statistiques, les plus grands spécialistes se sont révélés incapables de prévoir même le sens de la tendance, à quelques mois.

Je pourrais raconter, toute la soirée, toute la nuit !, des anecdotes de certitudes que j'avais dans ma jeunesse et qui ne se sont pas réalisées.

Cela ne veut pas dire que je suis devenu cynique, sceptique, désabusé.

Mais, oui, je suis devenu prudent, surtout quand j'écoute des personnes faire de grandes prédictions sur l'avenir du monde, de la planète, de l'univers, ou même d'un pays ou d'une région...

Comme Alexandre Soljenitsyne disait à la fin de sa longue et douloureuse vie : "Désormais, je ne me réjouis plus des bonnes nouvelles, et je ne m'inquiète plus des mauvaises nouvelles ; j'attends de voir."

Vincent

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Vincent Laarman
Lancé il y a 1 an

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