Courte histoire des voitures

Bonjour à tous,

Lorsque Cendrillon doit partir au bal, sa bonne marraine transforme une citrouille en carrosse.

C’était logique.

Dans l’imaginaire d’une société paysanne, les charrettes servaient à transporter des produits agricoles : foin, céréales, fruits, légumes.

L’idéal aurait été de pouvoir fixer les roues directement sous les légumes à transporter, et c’est ce que fait naturellement la bonne fée.

Les carrosses d’autrefois avaient des formes rondes, végétales et foisonnantes. Ils étaient assimilés à de gros légumes.

Lorsque fut inventé le moteur à explosion, les esprits furent un instant désemparés de voire circuler des charrettes sans attelage. Mais quelle chose se déplace toute seule, sans être tirée par des bœufs, ni des chevaux ? Forcément, un animal.

On fit donc aux automobiles quatre roues, comme quatre pattes, deux phares, comme les deux yeux, et les gens imaginèrent spontanément que le radiateur de la voiture était une bouche.

Pendant tout le 20e siècle, les designers automobiles exploitèrent la ressemblance des voitures avec de gros scarabées (la Coccinelle), des fourmis (la Polo), des félins (la Jaguar).

Comme nous développions des sentiments d’amitié, voire d’amour, avec nos voitures, comme avec les chevaux, elles prirent des rondeurs féminines attractives. Par une inversion caractéristique, on finit par dire qu’une femme était “bien carrossée”.

A noter aussi le radiateur de la Rolls-Royce qui évoque irrésistiblement la moustache et l’air hautain d’un Lord anglais.

Et puis vint la nouvelle génération.

Celle qui n’avait jamais connu le potager du grand-père, ni même les animaux de la ferme. 

Celle qui, privée de tout souvenir campagnard, puisait son imaginaire dans les dessins-animés et la science-fiction des séries à la télévision.

Il était logique que la voiture se transforme et qu’elle devienne semblable au vaisseau spatial de Star Trek, de la Guerre des Etoiles, ou un char d’exploration de quelque exoplanète.

C’est ainsi que, délaissant les formes organiques, charnelles, naturelles d’autrefois, on passa aux lignes pures - et dures -  du Cybertruck.

Vincent