Eco-anxiété : l'école serait-elle en train de devenir un lieu qui terrorise avec le petit livre vert au lieu d'apprendre à penser et à croire en soi ?
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« Ce garçon, pensait Rearden, avait une mère qui avait tremblé d’inquiétude bienveillante chaque fois qu’elle l’avait vu vaciller sur ses petites jambes lorsqu’elle lui apprenait à marcher, qui avait dosé ses biberons avec la précision d’un joaillier, qui avait suivi avec zèle les derniers conseils de la science pour nourrir et soigner son enfant, protégeant son corps vulnérable contre les microbes… Puis elle l’avait confié à des hommes qui en avaient fait un nevrosé bourré de culpabilité, qui lui avaient enseigné qu’il était dépourvu d’esprit et qu’il ne devait surtout jamais se mêler de penser. Si elle l’avait nourri de restes avariés, si elle avait mis du poison dans sa nourriture, la mort aurait été plus douce, moins pernicieuse, songeait Rearden.
Il pensa à toutes les espèces vivantes qui apprennent à leurs petits à assurer leur subsistance, aux chats qui apprennent à chasser à leurs chatons, aux oiseaux qui apprennent à voler à leurs oisillons, au prix de nombreux efforts… Et pourtant, l’homme qui n’a pour survivre que sa faculté de penser, manque à son devoir d’apprendre à penser à ses enfants. Pire : il les éduque de manière à détruire leur cerveau et à les convaincre, dès leur plus jeune âge, que penser est vain, voir nuisible.
Les hommes frémiraient, pensait Rearden, s’ils voyaient un oiseau rogner les ailes de son petit avant de le pousser hors du nid pour qu’il se débrouille seul. Et pourtant, c’était ce qu’ils faisaient à leurs enfants. »
Atlas Shrugged
Le 25 novembre 2022, l’OFSP publiait un rapport sur l’impact de la pandémie de COVID-19 sur la santé mentale de la population en Suisse. Si les conclusions se veulent prudentes, le rapport pointe une détérioration de la santé mentale et même une augmentation des crises suicidaires chez les enfants, adolescents et jeunes adultes et évoque une situation d’urgence.
Le rapport dit surtout la chose suivante : « Il n’est pas encore possible à l’heure actuelle de tirer des conclusions définitives sur la mesure dans laquelle la pandémie a entraîné une hausse du stress psychologique significatif d’un point de vue clinique, notamment en raison du fait que l’évolution de la situation pandémique reste incertaine et que d’autres crises exercent un impact sur la vie et le quotidien de la population suisse. »
Autrement dit, la santé mentale des jeunes va mal, il est probable que la pandémie ait joué un rôle, mais peut-être qu’il y a d’autres causes.
Il est heureux de voir l’OFSP s’inquiéter de la santé mentale des jeunes et d’investiguer la question, on aurait pu souhaiter qu’ils se posent ces questions avant de prendre des mesures sanitaires qui les concernaient qui pourraient nuire à leur santé mentale, alors qu’on savait qu’ils n’étaient pas le groupe à risque, mais mieux vaut tard que jamais. On a peut-être sacrifié les jeunes au profit des vieux de manière hâtive, mais aujourd’hui ceci semble derrière nous et nous devons surtout veiller à ne pas reproduire ces erreurs dans d’autres domaines.
Sachant que l’OFSP va continuer de monitorer la santé mentale de nos jeunes, on pourrait leur suggérer de l’étudier également sous la perspective de l’éco-anxiété générée à l’école.
Dans le canton de Vaud la gauche a pris le contrôle de l’école pendant un quart de siècle, on pourrait peut-être même parler de gauche radicale dans le cas de la HEP. L’université de Lausanne est devenue dans plusieurs facultés un lieu de militantisme plus que de savoir et de science. Les facultés scientifiques ne sont pas totalement à l’abris puisque souvent l’épistémologie n’est même plus au programme ou alors ce n’est plus qu’un cours à option caché dans un coin. Dans le cursus du Bachelor en Science de l’Environment de l'UNIL, le cours « Principes d’épistémologie » est à option et vaut la moitié des crédits du cours « Introduction à la pensée écologique ».
Jamais dans notre pays, l’instruction n’a atteint de tels niveau de politisation. Ça a duré tant d’années, que nos cerveaux se sont anesthésiés et que ça ne choque plus personne, ou plutôt qu’on a accepté de vivre avec. Ça n’a évidemment pas commencé hier. L’enseignement de la « grève de 1918 » sous l’angle des historiens de gauche, amnésiques sur certains aspects, nous l’avons probablement tous eu à l’école, mais c’était anecdotique et on pouvait vivre avec.
Aujourd’hui c’est autrement plus grave. Au nom de la science, ou plutôt du scientisme, on traumatise nos enfants avec la religion verte et on leur fait croire qu’ils vont vivre l’apocalypse et qu’ils portent le fardeau de la culpabilité d’être nés dans un pays riche et s’ils sont de petits garçons blancs, c’est encore pire, ils ont le fardeau du sexe et de la couleur.
Nos enfants seraient donc nés déjà coupables et déjà condamnés. Comme dans l’Union Soviétique, où les descendants de koulaks, de Russes blancs, des Mencheviks ou de tout « traître » fusillé ou déporté au goulag, portaient le poids du fardeau, sauf s’ils avaient eux-mêmes dénoncé leurs parents, comme le martyr de la propagande soviétique Pavel Morozov.
En Chine, Mao reprit la technique et l’améliora même en vue de sa révolution culturelle. Mao avait été partiellement écarté du pouvoir suite au désastre de son « grand bond en avant », un programme qui devait révolutionner l’agriculture et l’industrie et qui causa une famine qui tua 43 millions de Chinois.
Pour reprendre la totalité du pouvoir, Mao a patiemment bougé ses pions et un de ses axes fût l’éducation. Au nom de la « primauté du rouge sur l’expert », les enseignements rationnels ont été remplacé par un catéchisme révolutionnaire. Des heures de cours furent consacrées à l’enseignement de la pensée de Mao et il put ainsi se créer une génération de jeunes incapables de penser par eux-mêmes et totalement fanatisés : les gardes rouges.
Les gardes rouges firent les procès de leurs professeurs soupçonnés de dérives droitières... humiliations, lynchages... Puis ils mirent à sac toute la société, ce qui permis à Mao de reprendre le pouvoir.
Après avoir repris le pouvoir, alors que le retour de l’ordre était souhaitable, les gardes rouges étaient devenus encombrants pour Mao, alors vient l’heure de la « rustication ». Afin de mettre fin au chaos, 17 millions de « Zhiqing » furent déportés dans les campagnes avec l’interdiction d’en revenir, afin d’apprendre la « vraie vie » et le travail, en devenant des agriculteurs.
Dans les campagnes, les agriculteurs n’étaient pas toujours très disposés à ouvrir les bras à ces jeunes blancs-becs des villes, qui n’avaient montré que mépris pour les paysans, qui étaient incapables de travailler de leurs mains et qu’il leur fallait désormais nourrir. Beaucoup des Zikhings moururent de faim, mais ceux qui survécurent comprirent douloureusement comment ils avaient été manipulés.
Nous ne sommes pas à la même époque, pas dans le même pays, mais il y a malheureusement des parallèles qu’il est difficile d’éviter alors qu’aujourd’hui de plus en plus, nos enfants se font inculquer catéchisme vert et wokisme sur les bancs de l’école, que dans le canton de Vaud les enseignants peuvent militer sans être inquiétés et entraîner les élèves avec eux, pour autant que ce soit en faveur de la religion verte ou du wokisme. Un enseignant qui aurait souhaité entraîner ses élèves à manifester contre l’apartheid sanitaire aurait certainement été purgé, comme on a purgé Philippe Leigniel pour manque de wokisme (et peut-être pour avoir appartenu à un syndicat non socialiste).
Le 17 novembre 2021, le Grand Conseil a refusé le projet de rééducation verte, pardon, d’éducation verte, de Cesla Amarelle, qui prévoyait de consacrer 7 millions du plan climat vaudois à l’enseignement du catéchisme vert à nos enfants. On y a échappé belle, mais pas tant que ça… car la fabrique des éco-anxieux était déjà entré en vigueur dans l’école vaudoise, les cours de géographie sont souvent devenus des cours d’éco-anxiété où on parle apocalypse et réchauffement climatique, de l’enseignement terroriste, puisqu’on inculte la peur de l’avenir à nos enfants.
L'école vaudoise a changé de bord politique tout récemment, mais pour que l'école change, il faudra que le nouveau Ministre en charge ait le courage de la changer, ce qui ne sera pas une mince affaire.
Nous sommes malheureusement en train de former une génération de gardes verts. Des jeunes terrorisés par l’avenir, incapables de réfléchir, incapables de croire en l’avenir et surtout en eux-mêmes. Des jeunes qui n’osent plus manger de viande ou prendre l’avion pour découvrir le monde et qui sont persuadés que nous allons tous mourir de chaud. Des jeunes qui ne croient plus à la technologie et à la capacité de l’homme à s’adapter, mais qui sont dans le mythe de Gaïa, la terre mère, l’harmonie avec la nature… alors que jamais l’harmonie n’a existé sur terre, que le vivant est en guerre contre le vivant… sauf quand il n’y a plus de vivant (soit lors des glaciations).
Oui la planète se réchauffe et il est très probable que l’homme et la surpopulation jouent un rôle là-dedans, mais la Terre a connu d’autres réchauffements, du temps des dinosaures le taux de CO2 variait entre 2000 et 4000ppm, contre 400 aujourd’hui et la température moyenne des océans était de 30°C. L’histoire de l’humanité est l’histoire d’un combat contre la nature. Effectivement, l’homme émettait peu de CO2 avant que le charbon permette la révolution industrielle et l’abandon de l’esclavage. Il vivait pauvrement (sauf ceux qui possédaient des esclaves) et atteignait rarement l’âge de 40 ans.
Aucune science ne peut prédire l’avenir avec certitude. Les prédictions sur l’avenir sont basées sur des modélisations mathématiques de systèmes complexes remplis de non-linéarités et d’asymétrie. Ce sont des études in silico qu'il est impossible de réfuter, nous sommes donc loin des critères de la science selon Karl Popper, nous sommes dans de la science faible du point de vue de la preuve. Nassim Taleb explique bien les problèmes de la modélisation tout au long des ouvrages de sa série Incerto, mais s'il ne fallait en lire qu'un, lisez Antifragile.
Les mathématiciens astrologues sont par le passés arrivés en prophètes dans la finance, puis dans la criminologie, puis dans l’épidémiologie… Peut-être devrions-nous apprendre à être un peu plus sceptiques, car il n’y a pas de science sans doute, il n’y a pas de science sans critique et sans désaccord, c’est la grande différence entre science et religion.
Enseignons plutôt des bases de philosophie des sciences à tous les élèves au lieu de leur apprendre à avoir peur. Enseignons-leur à avoir l’esprit critique et à ne pas être d’accord, qui veut faire de sa descendance un troupeau ?
Tout au long de l’histoire de l’humanité, la peur n’a jamais été un vecteur positif. La peur a toujours été un outil de contrôle pour ceux que Kropotkine appelait : « les ennemis invétérés de la pensée » : soit le gouvernement, l’homme de loi et le religieux.
« L’esprit de l’enfant est faible, il est si facile de le soumettre par la terreur ; c’est ce qu’ils font. Ils le rendent craintif, et alors ils lui parlent des tourments de l’enfer ; ils font miroiter devant lui les souffrances de l’âme damnée, la vengeance d’un dieu implacable. » – Pierre Kropotkine – La morale anarchiste
L’école est un lieu qui doit donner à nos enfants les bases pour devenir des êtres humains libres, des êtres dotés des deux facultés qui différencient l’homme de l’animal selon Bakounine : la faculté de penser et celle de se révolter. Faisons de nos enfants des hommes libres, des esprits rationnels, des êtres curieux et capables de croire en l’avenir et plus important encore, de croire en eux-mêmes.
Faire de nos enfants des robots terrorisés, éco-anxieux et sans aucune confiance en l’avenir et en eux-mêmes, c’est les empoisonner, c’est empoisonner leur esprit.
Oui nous allons tous mourir, mais si nous n’apprécions pas la vie, si nous la vivons dans la peur, si nous sommes incapables de croire en nous et en l’avenir, ça ne vaudra même pas la peine d’avoir existé, car nous n’aurons jamais été vivants.
Aujourd’hui nous avons une génération d’éco-anxieux rendus rachitiques par le véganisme, qui ne croient plus en eux, qui ne veulent plus d’enfants car ils ne croient plus en l’avenir et qui arrivent à l’âge adulte avec sur leurs épaules le fardeau de la culpabilité. Et ça, nous sommes coupables de l’avoir laissé faire et nous seront coupables si nous ne changeons rien.
Voulons-nous être la génération qui aura dévoré ses enfants ?
Si la réponse est NON, alors il est temps de dépolitiser l’école, il est temps d’arrêter de fabriquer des éco-anxieux, il est temps d'arrêter de terroriser nos enfants, il est temps de retirer le petit livre vert de l'enseignement obligatoire.