Raphaël Pomey
Raphaël Pomey

4 février 2023 8 minutes de lecture

Face à l’effondrement : l’unité des chrétiens

Et si les croyants oubliaient un peu leurs querelles de chapelles pour faire face aux interdictions absurdes ?

Bienvenue sur mon infolettre 100% gratuite “En Enfer il y a” ; j’y dégonfle les baudruches de notre civilisation décadente et vous oriente vers les auteurs que j’aime. Je promets de vous émouvoir, de vous agacer et de vous faire rire.

Je suis Raphaël Pomey, rédacteur en chef du journal «Le Peuple» et philosophe de formation. Je vous invite à découvrir mes articles de fond sur le journal «Le Peuple».

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Chers amis, Chers camarades de combat,

Vous ne m’avez pas entendu sur cette infolettre ces derniers jours, mais cela ne veut pas dire que je me dorais la pilule aux Bahamas ! Outre les mandats qui me permettent de vivre, la pétition qui vous a sans doute amenés ici m’a beaucoup occupé. Vos nombreux témoignages m’ont beaucoup touché (on en retrouvera quelques-uns plus avant dans ce billet) et je ne voulais pas me planter lors de mon passage à la radio pour vous représenter :

“Nous savons tous comment le moindre écart de parole d’un chrétien, surtout quand il parle pour les autres, peut nuire à la cause qui nous unit.”

 La dernière raison de ma discrétion sur cette infolettre est que je fais évoluer mon titre Le Peuple (vous pouvez découvrir nos premiers papiers en format newsletter ici) avec de nombreux ajustements à faire sur les plans administratif, graphique, organisationnel... Beaucoup de choses en même temps, donc, mais le sentiment d’être soutenu par trop de bonnes volontés pour ralentir le rythme maintenant.

Mon passage à la radio pour ceux qui l'auraient manqué.

Mais parlons de vous, plutôt : si vous lisez cette infolettre pour la première fois, cela veut certainement dire que vous avez signé ma pétition contre la décision délirante qui frappe les chrétiens évangéliques de Genève. Pour ceux qui n’auraient pas tout suivi, je vais résumer ça rapidement : dans cette ville que l’on appelait jusqu’à peu la « Rome protestante », des communautés paisibles sont désormais interdites de célébrer des baptêmes dans le lac, faute d’avoir signé un document de soumission à l’État. Inquiétant constat : dans un pays symbole de liberté comme la Suisse, des gens doivent aujourd’hui mettre leur foi en veilleuse pour avoir le droit de se mettre la tête dans l’eau. Peut-être devrait-on leur conseiller de se déguiser en drag-queens et gageons qu’on les laisserait tranquilles...

Certains vétérans de cette newsletter ont peut-être été un peu surpris de découvrir que je lançais une pétition sur ce sujet. Comme je ne suis pas moi-même chrétien évangélique, on peut en effet se demander pourquoi j’ai décidé de me lancer dans cette bataille. La raison est double :

1) Durant l’été 2022, j’avais couvert une manifestation hallucinante, à Genève toujours, où des gens pouvaient faire du « pédalo vulvique », déambuler sous des vagins géants et laisser leurs gamins faire du « château gonflable clitoridien ». Chacun son truc, mais découvrir, moins d’un an plus tard, qu’au même endroit des gens n’étaient plus autorisés à vivre un des plus vieux symboles de notre civilisation – le baptême – ne pouvait que m’horrifier. Surtout que l’événement de 2022, délicatement nommé « Viva la Vulva », était lourdement subventionné comme la plupart des absurdités déconstructionnistes avec lesquelles on farcit nos cerveaux et ceux de nos enfants. 

Dans un autre genre, l'intérieur d'un établissement prisé des adolescents, à Lausanne.

2) L’autre raison tient davantage à mon parcours personnel. En quinze ans de journalisme, j’ai toujours traité des sujets liés à la foi sous toutes ses formes et je refuse que des Églises, parce qu’elles sont un peu moins tièdes que les autres, se fassent pulvériser par la vague du wokisme ambiant. Bien qu’étant catholique, j’ai de l’estime pour le monde évangélique, que j’ai longuement côtoyé durant mon enfance et avec lequel ma famille et moi gardons des liens forts.

“Je crois à l’unité, je crois à l’amitié et je sais que nous avons un idéal en commun à défendre.”

 On m’a parfois dit qu’une pétition ne servait à rien : je conteste. Elle sert au moins à découvrir combien nos combats politiques nous rassemblent et combien l’amitié est plus importante que tout : « Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père », nous a appris le Christ. Si Lui nous appelait Ses amis, comment pourrions-nous nous considérer comme de simples « alliés » ?

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En lisant les raisons pour lesquelles les gens ont signé ma pétition, plusieurs choses m’ont frappé. Le sentiment de solidarité de certains catholiques envers leurs « frères évangéliques », d’abord. Les noms d’origine étrangère de bon nombre de signataires, parfois musulmans, aussi. Et surtout l’envie d’affirmer son identité civilisationnelle chez beaucoup : une identité largement façonnée par la foi chrétienne. Que l’on croie ou non au Christ ressuscité, d’ailleurs.

Je cite ici quelques-uns de vos messages :

“Suisse dans l'âme, je trouve que chacun à sa place... Genève, haut lieu de la Réforme, devrait être plus tolérante... et ces représentations d'ordre sexuel dans les jardins publics vous desservent dans l'opinion publique... il y a plus joli!”

“Les chrétiens ne font du mal à personne et chacun est libre de choisir sa religion tant qu'elle ne prône pas la violence ni l'intolérance... La sexualisation précoce des enfants est un crime provenant d'esprits malades, et l'imposer de la sorte relève du crime contre l'humanité en faisant insidieusement l'apologie de la pédophilie... un enfant est sacré”

“La foi chrétienne contribue à la paix sociale et le baptême est l'acte qui fonde cette foi. Dans un pays libre comme le nôtre, l'interdire est une attaque forte que je dénonce.”

“C'est ignoble ! Société décadente, culture débilitante et dire qu'à Genève se trouve le Mur des réformateurs...”

 Cessons d’être tièdes

 Avec des interdictions telles que celles qui couvrent actuellement Genève de ridicule, nombreux sont ceux, et j’en suis, qui ont le sentiment qu’on leur vole une part importante de leur identité. Alors oui, je sais bien, on peut toujours se faire baptiser dans un temple ou une église, et c’est ce que font la plupart des gens. Mais pourquoi diable faudrait-il redoubler de pudeur au moment d’accomplir de tels gestes immémoriaux, tandis que, dans nos rues, des minorités peuvent se livrer tranquillement à des exercices de « dog training » (vous irez chercher les photos) devant des enfants, et en faisant du mal à tous ceux qui aimeraient vivre leur différence sans en faire un combat ? Qu’y a-t-il de particulièrement sale dans un cas, et édifiant dans l’autre ?

C'est vraiment ça, notre civilisation?

Bref, vous l’aurez compris, c’est le goût de la liberté qui m’anime, mais aussi un certain sens de l’amitié. Lassés de ne pas pouvoir bénéficier d’un média non confessionnel qui les respecte, de nombreux camarades évangéliques me soutiennent depuis le début avec l’aventure de mon journal « Le Peuple ». Mettre mon sens de la formule et ma combativité au service de leur cause me semble dès lors relever de la courtoisie la plus élémentaire. Mon journal ne reçoit aucune subvention, n’est lié à aucune institution et n’accepte aucune pub (en tout cas pour l’heure) : il tente, simplement, de donner la parole à des gens qui ne peuvent pas la prendre ailleurs.

Alors comment faire face, tous ensemble, à l’assaut contre nos libertés ? Déjà en ne nous réjouissant pas qu’il frappe d’autres communautés que la nôtre. « Ce qui arrive à l’un, peut arriver à l’autre », selon le dicton, et les chances sont très fortes que demain les cathos ou les réformés, sans parler des autres communautés de croyants, subissent le même sort que les évangéliques aujourd’hui. Sans verser dans un œcuménisme tiède, il nous faut nous regrouper autour d’un idéal commun.

Vivre en dépositaire de la foi de nos ancêtres.

En voici les trois piliers, tels que je les conçois :

1) Piété filiale : reconnaître que nous sommes tous les héritiers d’une civilisation admirable, qui a produit des savoirs, de la beauté et des libertés qui nous façonnent encore aujourd’hui. Le baptême en est un symbole à défendre.

2) Sans de l’unité : non, un évangélique n’est pas un catholique, et tenter de se réunir autour du plus petit dénominateur commun est une erreur. En revanche, nous pouvons mener des combats en commun pour faire respecter nos sensibilités sur le plan politique.

3) Amitié : les braves gens n’ont pas grand-chose à voir avec les débats liturgiques ou institutionnels qui peuvent nous passionner lorsqu’on a la foi. Cultivons nos liens d’amitié, allons les uns chez les autres, faisons réparer nos voitures chez les garagistes qui partagent nos valeurs et achetons nos fruits et légumes chez les commerçants de nos Églises. Comprenons aussi que de nombreuses personnes qui n’ont pas la foi pensent comme nous.

Je me réjouis de lire vos retours sur ces différentes propositions. N’hésitez pas à nous rejoindre sur le groupe Telegram « En enfer il y a » pour en parler. Comme je vous l’ai dit, j’ai peu de temps ces jours, mais j’ai toujours plaisir à échanger avec mes lecteurs quand je le peux.

Et on va se faire plaisir : je vous reviens au plus vite avec un tout autre sujet : les appels du pied incessant de Macron et ses sbires aux conservateurs. Du lard ou du cochon ? Je vous le donne en mille, j’ai plutôt l’impression que c’est du tofu.

Que Dieu nous garde,
Raphaël Pomey

Orientations bibliographiques:

-Chesterton, Gilbert Keith, Orthodoxie, Climats, 2010 (1908)
-Dreher, Rod: Comment être chrétien dans un monde qui ne l'est plus: Le pari bénédictin, Artège, 2017
-Lewis, C.S., L'abolition de l'homme, Ad Solem, 2015 (1943)

P.S. C'est mon père qui m’a relu ce week-end. Votre abonnement au Peuple me permettra de lui offrir un cigare.


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Lancé il y a 2 ans

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