Raphaël Pomey
Raphaël Pomey

14 juillet 2022 4 minutes de lecture

Il y a des food trucks en enfer

On poursuit notre exploration des égouts de la modernité avec une invention qui nous rend pourtant bien des services. Et c’est précisément bien là le drame.

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Chers amis, Chers camarades,
Un copain qui fait du marketing m’a dit qu’il fallait toujours y aller en souplesse quand on cherche à vendre un truc de façon détournée à ses lecteurs. Bon, je suis un très mauvais élève puisque je vais commencer cette newsletter en vous racontant comment c’est le lancement de mon média Le Peuple qui m’a fait découvrir l’univers merveilleux des camions-restaurants. Avant d’aller plus loin, merci de vous y abonner si vous ne voulez pas que je délaisse cette newsletter pour aller vendre mes charmes dans la rue. Voilà, c’est fait. Je poursuis.

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Ouééé, des burgers militants!

Alors pour vous planter le décor, je bosse dans une zone où il y a assez peu de restaurants et donc, comme c’est généralement le cas lorsque la concurrence ne sévit pas, une offre qui s’en ressent. Enfin le restaurant le plus proche n’est pas abominable non plus. On y mange des plats sans intérêt, comme cet émincé de poulet au curry avec l’ananas en boîte qui va bien et la couronne de riz qui donne envie de se flinguer. De la tambouille canal historique pour nous diriger sans amertume vers la retraite et vers la mort. Le service n’est de loin pas désagréable non plus : en gros, le prototype de la jolie fille fumeuse avec un tatouage au creux des reins qui hypothèque sa future péridurale. Si on compile ces différents éléments, on peut donc dire qu’on a l’assurance de manger sans joie, mais sans grande tristesse non plus, avec une nappe en papier et pour près de 30 francs.

Jeanine s'est bien ressaisie après le décès de Maurice

Et c’est ainsi que j’ai découvert la nourriture camion, ou les camions nourriture, ou restaurants camions... Enfin bref les mecs qui font des trucs à manger pour moins cher depuis une fourgonnette aux couleurs criardes. Objectivement, il y a des choses franchement sympas. Bon, bien sûr, il y a Jeanine à qui Maurice a fait croire qu’elle avait du talent pendant 40 ans, et qui s’est lancé dans l’aventure de la street food après le colorectal de feu son mari. « Avec le poulet aigre-doux, il y a un gratin de cardons, ça vous va ? ». Mais il y a aussi des pizzas tout à fait convenables pour 12 francs, des plats hongrois, péruviens, et même des bowls que je me laisse aller à apprécier. Et croyez bien que ce n’est pas facile pour votre serviteur d’accepter de manger un bowl, chose qui jusqu’à une date récente signifiait pour moi la piscine vide où Tony Hawk faisait du skate en écoutant du punk rock.

tony hawk gifs | WiffleGif

Tony Hawk dans un bowl non comestible.

Reste qu’il y a des food trucks en enfer. Même, je pense qu’on ne mange que grâce aux food trucks, en enfer. Pourquoi ? Parce qu’il faut tout de même avoir décliné de façon extrêmement brutale, à l’échelle d’une civilisation, pour qu’il devienne plus agréable de manger terré dans un bureau, au fin fond d’une zone industrielle ou dédiée à l’innovation, plutôt que dans un restaurant où un petit bonhomme obséquieux nous vante les mérites de son pot-au-feu et nous lâche les derniers commérages sur telle ou telle starlette du quartier.

Nostalgie de la malbouffe d'antan


J’ai connu, dans mes premières années de journalisme, de tels endroits. Ils sont aujourd’hui entièrement dédiés à l’authentoc et, dans une certaine mesure, je dois dire que ça me plombe un peu. J’appréciais de m’engueuler avec des gens que j’aimais bien, en buvant des bières et en puant la friture tout l’après-midi. Cette époque n’était assurément pas parfaite et tout le monde était un peu alcoolo, mais cette société se tenait. Aujourd’hui, sans doute serai-je heureux de manger relativement sainement, et sans devoir me taper une discussion où l’on me sommera de défendre mes conceptions religieuses tandis que mon voisin nous fait son coming out non binaire. Mais c’est la vie, qui s’enfuit peu à peu ainsi, et tant qu’à faire, je reprendrais presque un peu de poulet au curry pour oublier que le food truck d’à côté ne vend pas d’alcool pour le bien de ses client-e-x-s.

Que Dieu nous garde,
Raphaël Pomey


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