Je ne redoute rien tant que de devenir une bête de foire. Pour ne pas sombrer, j’entends bien opter en faveur d’une solution radicale.
Bienvenue sur mon infolettre 100% gratuite. Rédacteur en chef du journal «Le Peuple»et philosophe de formation, je promets de vous émouvoir, de vous agacer et de vous faire rire.
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Chers amis, Chers camarades,
Il s’en est passé des choses depuis ma dernière infolettre, dans laquelle je vous donnais l’envers du décor de mes premiers pas en tant qu’entrepreneur des médias. Parmi les lecteurs de ce texte, un certain nombre de bienfaiteurs ont décidé de passer à l’action en prenant un abonnement, d’autres - déjà abonnés - se sont encore fendus de dons et d’encouragements qui m’ont beaucoup touché.
Ils me touchent évidemment parce qu’ils me permettront de continuer le combat avec « Le Peuple », en marge des autres mandats que j’accepte désormais pour vivre. Mais surtout, ils indiquent bien que les personnes qui me lisent vraiment ont compris que je ne suis mû par la haine de personne, mais par le refus d’une certaine « tyrannie de la bienveillance » évoquée par Jean-François Braunstein dans son livre sur la « religion woke » chroniqué ici. Je ne suis pas le bourrin que d’aucuns aimeraient tant caricaturer ; je propose simplement d’autres pistes de pensées, enracinées dans ma foi chrétienne, sur des sujets qui me semblent importants.
La chasse aux délires
Reste que la tentation peut se révéler grande de constamment chercher un marécage à remuer, une grande colère à piquer ou un nouveau délire à pourfendre. De fait, de plus en plus de personnes me demandent pourquoi je ne ferais pas des infolettres sur tel ou tel sujet qui les agace, des 30 km/h en ville aux pulls de Noël. Je ne m’en plains absolument pas, c’est moi qui ai décidé de vendre un défouloir avec cette infolettre, et ces propositions sont des signes de succès. Reste que je ne tiens pas à vivre dans l’énervement permanent. J’ai, comme disait Ramuz dans un de ses livres qui m’attendent encore, un « besoin de grandeur ».
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C’est d’ailleurs amusant comme des titres de livres que l’on n’a pas encore lus peuvent parfois faire germer en vous des images, un univers esthétique, qui se développeront jusqu’au moment où, enfin, vous tiendrez le bouquin entre vos mains. L’idée d’un « recours aux forêts », chez Jünger, m’a longtemps fait cet effet et je n’ai pas été déçu lorsque j’ai finalement lu cet ouvrage fondamental durant la crise du Covid. De même, rien que le nom de Chesterton m’a longtemps titillé, alors que je ne savais même pas ce qu’écrivait le Britannique. Vous savez désormais ce que signifie pour moi cet apôtre de l’émerveillement et de la joie d’exister.
Vivre en altitude (Photo RP).
J’ai besoin de grandeur, donc. Cela veut dire que ces prochains jours, au lieu de m’amuser à décrire l’enfer avec ses pantacourts ou les 6-1 que mon équipe nationale se prend au foot, j’aspire à durcir, comme le ferait une pierre précieuse, dans le silence et la prière. C’est la raison pour laquelle je devrais, sauf pépin de santé d’un ami cher, partir plusieurs jours dans une abbaye bénédictine en Provence. Les religieux, qui s’y lèvent tous les matins à 3h20, y vivent la vie monastique de toujours, célèbrent la messe de toujours et embellissent le monde de leurs oraisons. J’aspire à trouver une certaine paix parmi eux. Je mentirais si j’affirmais ne pas avoir un soupçon d’appréhension, moi qui ne connais pas grand-chose d’autres que les chants efféminés écrits par des jésuites dans les années 70 sur le plan religieux, et essentiellement du punk et du rap sur le plan profane. Comment un homme comme moi, qui ne rêve rien tant que de liberté, pourrait-il en outre dormir dans une pièce qu’on appelle une cellule ? Comment enfin un type comme moi, qui ne sait absolument rien faire sans sa femme, même pas vivre, pourrait-il supporter cinq jours hors du foyer ?
L'abbayeSainte-Madeleine du Barroux où j'espère passer ces prochains jours (Photo mise en ligne par le monastère).
Telles sont mes appréhensions. Mais je dois les surmonter car, à quarante ans dans quelques mois, il me semble venu le moment de faire le bilan de la moitié d’une vie riche, parfois douloureuse, pour laquelle je rends grâce à Dieu. Ce Dieu qui m’a donné deux enfants qui ne savent pas s’arrêter de causer ou de sauter dans tous les sens – les chiens ne font pas des chats – et l’amour d’une épouse qui est la moitié de mon cœur.
J’aurais pu écrire une connerie sur beaucoup de sujets, y glisser quelques vannes sur Léonore Porchet et sur mes têtes de Turc habituelles. Promis, j’y reviendrai. Mais j’ai ces jours un profond besoin de grandeur, marqué par la lecture assez frénétique de Ramuz. C’est lui qui dirige de plus en plus mes pas vers la montagne, vers une forme de simplicité volontaire qui n’a rien à voir avec le catéchisme des douches à 17 degrés. C’est lui aussi, sur le plan sacré, qui me donne désormais soif de messes tridentines et, de manière générale, de la compagnie de plus sages que moi.
Je me réjouis de vous raconter ma retraite, certainement à mon retour de Provence.
Que Dieu nous garde, Raphaël Pomey
P.S. Aujourd'hui c'est mon père qui a relu ce texte, merci à lui.
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