Maintenant que le choc du retour du monastère est passé, on va parler des mauvaises habitudes à modifier.
Bienvenue sur mon infolettre 100% gratuite. Rédacteur en chef du journal «Le Peuple»et philosophe de formation, j’y dégonfle des baudruches et vous oriente vers les auteurs que j’aime. Je promets de vous émouvoir, de vous agacer et de vous faire rire.
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Chers amis, Chers camarades,
Vous ne m’en voudrez pas de me montrer un peu moins productif, ici, depuis quelques jours. Pour ne rien vous cacher, je ne fais pas un très gros mois sur le plan des affaires et je dois commencer à m’activer. C’était un risque, avec une période de près d’une semaine passée dans une abbaye, mais je ne regrette certainement pas de l’avoir pris. Je vais vous expliquer pourquoi avant de partager avec vous quelques règles d’ordre pratique qui m’aident à supporter mon retour à la « vie normale ».
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Car autant le dire d’emblée, revenir dans le monde, après plusieurs jours au contact des moines, qu’ils soient Shaolin comme sur la photo d’illustration de cette lettre (je teste les limites de mon audience, c’est du marketing) ou bénédictins comme ceux que j’ai côtoyés en Provence, est brutal. Ce qu’il faut bien comprendre, pour ceux qui n’ont jamais fait une retraite de ce style, c’est que pendant toute la durée de votre séjour, vous allez vous trouver à l’abri des pantacourts, de l’agitation et de la vulgarité. Tous les sentiments exprimés par les uns et les autres, qu’ils soient prêtres ou SDF, seront hauts, nobles, et même le frère un peu atrabilaire voit ses humeurs tempérées par le voile de charité qui recouvre tous les rapports humains. Qui sait, peut-être même qu’Aurélien Barrau et moi nous pourrions sympathiser dans un tel cadre ?
Plutôt ermite que macroniste
Ma femme m’a dit qu’en mon absence, mes gamins chantaient le dernier tube d’Afida Turner en pensant à moi. Cela m’a bien fait marrer tout en me questionnant sur le genre de père que je suis. Il faut dire que ce n’était pas exactement l’ambiance là où je me trouvais. Imaginez, dès lors, ce que j’ai pu ressentir à mon retour en entendant la serveuse d’un bar se plaindre de son ex, serveur également, qui lui « cassait les couilles » en l’appelant « mon lapin » au bar. Songez à ce qui m’est passé par la tête ce week-end en voyant des gens multiplier les appels de phares en se traitant d’abrutis pour essayer de grappiller une minute de trajet en moins sur l’autoroute.
Pas plus tard qu’hier, alors que je regardais Macron se mettre en scène en chef de guerre, en bras de chemise et le poing levé, dans le cadre de la Coupe du Monde de football, je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir loin, très loin, de ce monde et de ses baudruches. Comme si une partie de moi était restée au monastère du Barroux. Comme si j’étais désormais et définitivement dans le monde sans plus y appartenir.
Bravo malgré tout!
Heureusement, la vie monastique comporte également des enseignements qui, je crois, peuvent nous inspirer dans notre quotidien. Et, que vous soyez porté ou non sur la religion, il y en a un que j’aimerais d’ores et déjà partager avec vous aujourd’hui. D’autres viendront peut-être ces prochains temps, mais je ne veux pas me lier les mains. Vous me direz en message privé sur les réseaux sociaux si ce genre de réflexions vous intéresse, auquel cas je continuerai. En ce qui me concerne, j’aime bien sortir autre chose que la sulfateuse ces derniers temps. Je ramollis.
Dans le grand reportage que je fais paraître demain dans l’édition de mon journal Le Peuple, j’évoque le miracle économique du monastère où je me trouvais, le Barroux. Dans une époque où l’on ferme plutôt les églises, voici une communauté qui a bâti à partir de rien, et rayonne désormais à travers le monde. Or, ce qui me fascine, c’est que ce succès coïncide avec une existence où la prière passe avant tout. Les frères, comme vous avez pu le lire dans mon billet rédigé sur place, se lèvent en effet tous les matins pour prier de 3h30 à 4h30, avant de recommencer à 6h, puis tout au long de la matinée, avec juste une pause un peu plus longue l’après-midi pour bosser dans leurs domaines respectifs. C’est une chose qui m’a fait réfléchir parce que, pour ma part, je peine à joindre les deux bouts en bossant comme un dingue, et souvent depuis tôt le matin, sans même consacrer une pause à mes gosses.
Règle numéro un : respirer
Je ne sais pas si nous sommes encore nombreux dans ce cas de figure, mais je fais partie des gens qui lisent la Bible. C’est un livre pas tout à fait inutile qu’on lisait avant que nos best sellers ne portent sur la vie intestinale et les tueurs en série dans les pays nordiques. Or il y a chez Matthieu (6:26) un passage qui mérite réflexion. Jésus y dit à ses disciples : « Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n'amassent rien dans des greniers ; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux ? ».
La vue depuis ma cellule: l'essentiel se trouve derrière la porte au milieu du cloître.
Cela peut paraître un peu dingue alors que je ne sais toujours pas vraiment comment je finirai mon mois, mais en relisant ce passage, j’ai eu l’impression que la première urgence, en ce qui me concerne, était de me laisser un peu aller, de faire confiance. Parce que mes enfants se portent bien (même si mon cadet aime désormais le foot), parce que mon couple témoigne de l’amour infini de Dieu – ou de ce à quoi vous donnerez le nom que vous voulez – et parce que, finalement, il y a bien quelques abonnements qui tomberont d’ici la fin du mois. Souffler, laisser faire et accepter que je ne contrôle rien de plus en étant suspendu à mon ordinateur qu’en prenant le temps de rigoler un peu avec mes gamins.
Quitter notre enfer sur mesure
On peut prier davantage, pour ceux qui ont la foi, mais pour tout un chacun, il est déjà possible de déconnecter. Éteindre son portable par moments, accepter de vexer les gens qui estiment que nous devrions constamment leur répondre dans la minute, penser à ceux qui sont réellement à nos côtés. Sortir du petit enfer sur mesure que nous nous construisons avec nos habitudes toxiques.
Choux farci et grandes vérités.
Depuis mon retour, j’attends le départ de mes enfants pour l’école avant d’allumer mon ordinateur ou mon téléphone. Je ne dis pas que j’y arriverai toujours, mais je regrette de ne pas l’avoir fait plus tôt. « On ne fait rien sans la foi », écrit André Charlier dans ses fameuses Lettres aux Capitaines. Je crois que c’est vrai, même quand on travaille beaucoup.
Respirons, buvons un verre du merveilleux arak (le pastis libanais) qu’un ami m’a ramené du pays des cèdres et attendons la prochaine aurore.
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Avant de boucler cette lettre, j’aimerais remercier les différentes personnes qui nous adressé des dons par Twint ces derniers jours. Dons d’autant plus touchants qu’ils sont anonymes par ce moyen.
Qui que vous soyez, je vous porte dans ma prière.
Que Dieu nous garde, Raphaël Pomey
P.S. Merci à mon père qui a encore relu ce texte.
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